Isla n'était pas de ceux qui avaient la rage au ventre, une colère bouillonnante dans les boyaux. Elle préférait l'harmonie au désordre, et d'une façon générale, abhorrait la violence. C'était justement ce mépris pour la brutalité qui l'avait conduite dans les rues de sa ville. Bloominburg était une bourgade tranquille, qui s'animait d'abord grâce à la convivialité unissant ses habitants. Ce n'était pas Chicago, encore moins Détroit. Mais, on lui avait appris que sa voix méritait toujours d'être entendue. Alors, munie de sa pancarte, elle était venue crier son mécontentement contre les actions du gouvernement envers les immigrants. La foule, malgré la taille de la ville, était plus dense qu'elle ne s'y attendait. Et bien plus bruyante que le commissariat du coin ne l'avait prévu. Isla, les cheveux au vent et la peau rougie par le froid de décembre, marchait avec le reste de la manifestation. Elle le faisait pour sa fille, et pour le monde qu'elle lui laisserait. Dans le brouhaha, elle ne remarqua pas les voitures noires et blanches qui s'accumulaient autour du groupe. Ce sont les sirènes qui attirèrent son attention. Elle leva les yeux au ciel. Sérieusement ? Ils n'avaient rien fait de mal. Agacée, elle se faufila entre les manifestant, jouant de ses petites épaules pour libérer un chemin. La confrontation n'était pas son fort, mais, étant mère d'une petite de dix ans, elle devait se faire à l'idée. Si elle avait fait face, seule, aux crises de colère d'une enfant, elle pouvait bien demander quelques explications à ces charmants officiers. « Excusez moi ? » Elle interpella l'un d'entre eux. « Vous allez vraiment arrêter une manifestation pacifiste ? Mêlez-vous plutôt des incidents de violence policière ! » C'est tout ce qu'il fallut au jeune agent devant elle pour lui passer les menottes. Certains étaient décidés à faire du zèle ces temps-ci. Isla ne tenta pas de se débattre, et, se laissa entrainer hors de la foule sous les regards indignés. La chance était au rendez-vous. Elle se voyait déjà passer la nuit au commissariat, à côté des cellules de dégrisement, baignant dans la tendre odeur du vomit. Tout ça à cause d'un nouveau à l'égo fragile. Ce dernier le conduit jusqu'à la voiture de police, et, dans la foule des uniformes, elle remarqua une tête familière. Les sourcils froncés, son esprit déjà flou par l'agacement, s'efforça de sortir un prénom.  « TJ ! » l'interpela-t-elle, un sourire au coin des lèvres malgré la situation. Une éclaircie malgré la tempête. « C'est sûrement pas comme ça que je pensais te revoir, mais voilà. »  lâcha-t-elle en remuant les menottes à ses poignets, pour attirer son attention dessus. Ils se connaissaient depuis le lycée, mais, entre les années et les escapades aventurières d'Isla à l'étranger, ils s'étaient perdus du vue. Elle ne s'attendait certainement pas à le revoir ici.

· sorry for the mess. @isla fletcher

tj savait qu'en rejoignant la force policière de sa bourgade natale il ne s'exposait pas à un destin fabuleusement palpitant. ce qu'il pensait être une ville tranquille gardait pourtant pour elle sa part de secrets. femmes de maris violents, centre-ville habité de nuit par la pire espèce, pasteur devenu obscène. une réalité toute autre pris forme à ses yeux. certes, il ne deviendrait jamais le nouveau superman des environs mais peut-être aurait-il sa pierre à apporter à l'édifice. en ce jour, le caillou devrait attendre. une autre crise s'empara du calme quotidien de la ville. état d'urgence proclamé et voilà que le beau tj se retrouve à chaperonner des équipiers aussi rookies que débiles. après une courte chevauché à travers les rues de bloominburg - clairement on ne parlera pas d'une aventure haute en sensation - les divers véhicules d'autorité arrivent sur les lieux décrits. la crise est comme tj se l'est imaginé, aussi pacifique et sans intérêt que possible. gargarisés par l'excitation, ses hommes ne tardent pas à se répartir le territoire. truffes en l'air, à désigner leur prochain gibier. le premier est choisi en la personne d'une jolie blondinette dont les traits de visage ne sont pas inconnus au jeune inspecteur. fier comme un coq, rookie numéro 5. apporte sa trouvaille et s'en val de plus bel après un léger acquiescement de son supérieur. le regard de ce dernier se reporte sur la jeune femme quand celle-là même expulse son prénom comme on expulse un bouchon de champagne trop enfoncé. poc. l'alcool coule. on part chercher l'éponge en courant. isla ? qu'il rétorque sur le même ton incrédule. reconnaissance instantanée de cette amie de lycée perdue de vue. comme amusé par la vision de la belle aux poignets menottés, tj s'appuie contre le portière d'une des voitures. je te retourne le sentiment. pour être franc, bien des années étaient passées depuis que la belle avait partagé ses pensées. le temps avait fait son oeuvre et les amitiés d'un temps s'étaient eronnées. tristement peut-être mais dans l'ordre des choses. que puis-je faire pour toi ? il a l'audace de jouer les érudits. pourquoi s'en priver ? si une vraie amitié les avait un jour unis, tj n'en oublie pas ces longs moments où son exubérante/collante/stalkeuse d'amie lui avait fait vivre un enfer. plat qui se mange froid ou non. tj n'allait pas passer à côté de sa chance. sourire en coin des lèvres, bras croisés contre son torse, il toise la jeune femme. fier comme un paon.