boum. boum. boum. karla elle se mélange entre les échos des basses et les battements d’son palpitant. elle se perd dans les notes qui s’échappent, son corps se cambre, se déhanche, s’allume et s’embrase. là, silhouette extravagante qui prend possession de cette scène qu’elle pense trop petite, pas assez vaste pour que karla puisse pleinement s’évader. elle s’en branle au final, tant qu’elle parvient quand même à ressentir un minime souffle de vie. sous son masque féerique, seuls ses yeux bavards et ses lèvres couleurs pourpres sont visibles. ils suffisent à kidnapper les regards pervers, à multiplier les pensées pécheresses, indécente de son monde. ici, c’est son univers. elle pense lamentablement détenir un bout de terre dans le creux de sa main, maintenant, quand les yeux sont rivés sur elle. quelle conne ! karla rêve, rêve trop fort quand il s’agit d’elle. sans savoir que ce sont eux tous qui la détiennent, qui la tiennent prisonnière dans ce rôle qu’elle se dessine pendant un quart d’heure. elle est pathétique karla, même quand elle est faite de lumières. elle est sale, elle est laide de l’intérieur, elle est inerte, misérable karla et elle veut que tout le monde lui ressemble. mais personne ne le voit, karla elle sait bien maquiller la vérité. elle a l’habitude de brouiller les pistes, de se donner un genre, le mensonge dans le sang. ils gobent toujours tout, tous, absorbés par l’envie de la détenir même une simple seconde. hypnotique karla, elle sait leurrer les autres. mais pas toi. toi qui termines ton fond de whisky sec, brûlant, toi qui la dévisages sous un regard qu’elle ne comprend pas. tu vois ses failles, tu toucherais presque sa vérité. karla ça l’a fait flipper, même du haut de son estrade, elle en devient fébrile de tes yeux accusateurs. elle se laisse glisser le long de sa barre de fer, la tête qui touche le sol en premier, ses opales océans ne savent plus se détacher de tes billes sombres. t’es là, tu lâches pas l’affaire, tu sens que tu l’effleures sans même la toucher. mais karla elle te ressent déjà trop, sans te connaître, sans te parler. elle vibre karla. et pendant un instant, un court instant, c’est comme si y’avait plus qu’vous deux. et la scène qui vous sépare toujours. comme si c’était mieux, comme si rentrer en collision était à proscrire. mais karla elle en meurt d’envie. puis la mélodie qui était devenue silencieuse reprend de plus belle, karla elle parvient de nouveau à regarder autre chose que toi. à entendre autre chose que toi. mais elle sait plus penser à autre chose, alors elle bâcle les dernières minutes de son show pour retrouver la terre. pour revenir à la réalité. le masque qu’elle range au fond de son long manteau, le verre qu’elle se serre elle-même avant de retrouver son démon de m(es)inuit. - tu m’suis ? qu’elle abandonne au creux de l’oreille. elle s’en tape du danger, elle s’en tape des limites, de la suite. depuis cette foutue seconde, karla elle te veut.

promets-moi de me rejoindre en enfer

y a tes pas qui se font tout seul, t'es lentement dirigé vers un endroit où tu vas jamais, d'habitude. mais cette fois, tu sais pas pourquoi, y a comme cette envie de voir les filles, voir la tristesse dans les regards, les âmes perdues qui défilent dans les couloirs bordeaux, dans les battants de la musique sourde. tu mets pas longtemps pour t'asseoir face à la scène, ton verre en main, t'es comme un loup en chasse, ton regard qui fait frissonner, l'air nonchalant qui se dégage de ton être. l'ambiance te prend aux tripes, tout comme cette fille qui se met à danser, bouger son corps en rythme avec la musique folle. tu captes son regard à chaque fois qu'elle se tourne vers toi, et t'as cette facilité à la dévisager, un peu comme si elle n'était pas normale, pas comme les autres. attiré. t'es attiré par la beauté de la fille, par son aura noire, qu'elle dégage partout dans le lieu. tu la sens vibrer pour toi, et tu lâches pas le regard, pas même quand elle, ne te regarde plus. comme cette envie de jouer avec le feu, le laisser te lécher l'échine, remonter jusqu'à ton cou et tes lèvres, brûler de plaisir avec juste des regards. y a comme si tu la comprenais, sans même parler, et puis, elle sort de scène, t'as fini ton verre quand elle débarque devant toi, sa beauté qui te tuerait presque. t'es pas habitué aux lieux alors quand elle te fait la proposition, sûr que t'es pas serein, mais tu joues le jeu, parce que pour la danseuse qui t'est encore inconnue sans vraiment l'être, au fond, tu ferais n'importe quoi. tu comptes me faire quoi ? que tu lances, en la suivant comme les chiens le feraient. y a cette attraction qui t'empêche de faire le contraire de ce qu'elle te dit, un peu comme si elle était ton démon. démon que t'aimerais bien noyer, mais qui sait très bien nager.

karla elle tombe le masque, cogne à nouveau la réalité de plein fouet. mais karla elle est pas seule ce soir, y’a toi et ton ombre, toi et tes yeux qui font mal, toi et ta gueule imparfaite qui rend tes traits bien trop enivrants. et karla elle laisse agir son chant de sirène, celui qui peut faire chavirer, qui peut déchiqueter l’esprit aussi parfois. mais toi t’aimes l’écouter, t’as envie de te perdre un peu plus ce soir. parce que comme karla, t’as pas envie d’être sauvé. elle hésite pas la brune, elle vient susurrer l’idée de la suivre et tu fonces déjà sans réfléchir. elle glisse sa main dans la tienne, elle veut pas t’perdre dans les vagues de chaires qui se bousculent. mais elle s’arrête, heurte ton corps dans un geste lascif alors que la curiosité te piques.- t’as peur de moi ? parce qu’elle oui. quelque part, elle a peur. elle sent que c’est mauvais, que y’aura rien de sain, rien d’bon entre vous. que votre maître mot c’est la perdition. et karla elle aime beaucoup trop les ténèbres pour les abandonner, karla elle veut découvrir n’importe quel enfer et tant pis si c’est le votre. elle sourit, la malice au coin de la bouche, les yeux qui s’agitent au fond des tiens. et c’est comme si elle se regardait elle, là, c’est comme si vous étiez fait de la même terre. des mêmes vices. des mêmes ordures. et c’est pour ça, qu’elle sait karla. que c’est mauvais. que vous, c’est mal. pourtant elle tire encore sur ta main, t’obliges à la suivre jusqu’à l’extérieur. la brise fraîche vient frapper son visage, sa peau se glace littéralement mais les effets de la poudre blanche lui offre une fausse carapace. elle sent rien, rien sauf toi. - elle est où ta caisse ? qu’elle demande, libérant tes doigts de son emprise. - j’ai envie d’bouger d’ici.. qu’elle murmure finalement. comme une supplication, un aveu.

c'est ton monde qui s'écroule pour découvrir le sien en un rien de temps. tu vois plus rien sauf cette fille qui représente à ce moment là ton tout, ton monde. et quel monde. tu le sens, que c'est mauvais, qu'elle a cette mauvaise malice en elle, qu'elle est comme toi au fond. autant de rage en elle qu'en toi, peut-être pour ça que tu fous ta main dans la sienne sans chercher à comprendre. comme si tu voulais te perdre dans ses iris trop bleues pour l'éternité, y a quelque chose d'indescriptible entre vous. elle est comme les enfers qui s'abattent sur toi, et t'y prends trop vite goût. t'as une légère pensée pour asma. asma qui serait bien trop furieuse de te voir avec une autre, mais qui n'a rien à dire parce qu'elle n'est pas à toi, puis tu l'oublies vite quand la brune te parle. t'as peur d'elle ? t'en sait trop rien, mais tu te laisses pas abattre devant elle. t'as ce sourire provocateur, qui te va pas mais qui pourrait te rendre malsain. j'voudrais bien mais tu m'intrigues trop pour ça. bien sûr que t'as peur, ça se sent, tout comme tu le sens pour elle. comme si tu ressentais toutes ses émotions, comme elle ressent les tiennes. et ça te fait flipper, de voir qu'on peut lire en toi aussi facilement. toi, t'arrives à voir en elle, dans ses entrailles, qu'il y a quelque chose de mauvais, cette chose qui la fait diablesse dans les nuits noires de la ville, elle se perd les yeux demi-clos, tu le sais. t'es comme enivré par une substance que tu connais pas, certainement son odeur, que tu voudrais connaitre par coeur, qui pourrait te faire tomber fou, mais tu résistes. du doigt, tu pointes la voiture, et c'est à ton tour de la tirer vers la bagnole. tu te stoppes trop vite, et le démon se colle à toi. démon que tu pousses peut-être trop fort contre la voiture, et quand tu te perds dans son cou, t'as envie d'y rester, comme pris au piège. tu voudrais que ça dure éternellement, qu'il n'y ait plus qu'elle et toi, quand tu ressors des enfers, t'as vue sur sa bouche, et t'en crèves d'envie sans même la connaître, d'y goûter. monte et j't'emmène où tu veux. c'est comme si elle te possédais sans rien faire, et ce soir, tu serais prêt à tout pour ta déesse.

karla qui voudrait se consoler dans tes yeux bien trop profonds, bien trop sombres. karla qui voudrait aimer juste une nuit, vivre d’extase dans tes bras solides mais balafrés. karla qui veut rêver sous les étoiles, s’enfoncer dans les faux semblants de tes mots silencieux. sourde communication, hurlements violents de deux âmes en chaînes. en chiennes. princesse des sales quartiers en compagnie du chien des rues, karla elle le sent qu’il a longtemps côtoyé l’bitume. elle le voit aussi sur sa peau marquée, c’est peut-être ça qui l’attire autant. la similitude des hématomes, les écrits qui s’imprègnent dans l’épiderme pour se rappeler qui ils sont. signatures merdiques d’une vie en cage, en rage. karla elle sourit, trop sure d’elle, parce qu’elle sait que cette curiosité, elle est démoniaque. elle sait que tout ou tard, ça fera mal. logique implacable, les armes sont déjà chargées et c’est à qui tirera le premier. mais toi, tu fous à terre toutes ses barrières, protections anéanties quand le contact prend place. toi, elle, qui cogne contre l’impasse d’une carcasse de fer. karla prisonnière de ton emprise, karla qui aime ça, cette corde au cou tenace qui porte tes empreintes. ton visage dans le creux de son cou, le souffle aphrodisiaque auquel sa peau est déjà accro. karla qui crève d’envie, les yeux qui traquent les tiens baissés sur ses lippes. toi aussi, t’en meurs d’envie. elle joue de ses lèvres, en mordille même un bout pour le plaisir d’exacerber la rude tentation. - j’veux aller là où les autres n’existent plus. qu’elle lâche de sa voix fracassée. la paume de sa main qui fait pression contre ton torse pour te faire reculer, remettre la distance hypocrite qu’elle déteste déjà. elle s’empresse de grimper dans la caisse et quand tu te poses à côté, elle te dévisages encore un peu. - c’est moche.. ou trop beau. la pulpe de ses doigts viennent effleurer la joue égratignée doucement.