- enfants terribles

unruly; not submissive or conforming to rule. @Lil Rose

"Ce soir, c'est japonais.. qu'elle lance, sans attendre de réponse, alors que déjà, la porte de l'appartement se referme sur son passage, étouffant la réponse de Kit. Parce que quand elle a une idée en tête, Mikye, elle entend bien ne pas en changer. Main dans le poche, écouteur sur les oreilles, elle profite du temps sec pour déambuler dans les rues de la ville. Elle aurait pu prendre sa voiture, s'énerver après un créneau qu'elle n'arrivera pas, mais elle a préféré la simplicité : la marche. Les bâtisses défilent devant Mikye qui pourtant, n'y prête pas vraiment attention, trop absorbé par les morceaux qui passent dans ses oreilles et dont elle récite les paroles mentalement. Et quand la chanson se trompe, elle ne peut pas s'empêcher de lever les yeux au ciel. Stupide chanson. Elle s'arrête un instant, devant une ruelle, pur hasard, histoire d'allumer la cigarette qui lui brûle les doigts depuis plusieurs minutes. Quand elle relève le regard, elle tombe sur des iris qui la ramènent plusieurs années en arrière, où elle avait encore l'innocence pour elle. Lil. Elle devrait faire comme elle fait d'habitude dans ce genre de situation, continuer sa route. Parce que le passé, c'est le passé, pas la peine de revenir dessus, qu'elle aime se dire. Mais il a toujours été particulier ce mec. Alors pour lui, elle fait une exception, et pendant quelques secondes, elle se contente de rester immobile, le regardant, hésitant. Et merde. Elle recrache sa fumée, lui permettant de rompre le contact visuel. "T'es dans un piteux état... " qu'elle se contente de dire, indiquant du menton son arcade sourcilière ensanglantée. Premiers mots échangés depuis bien des années. Elle aurait peut-être dû continuer son chemin, comme elle l'aurait fait dans d'autres cas. Mais Lil, il a jamais été comme les autres, pas pour elle. Ce n'est donc pas aujourd'hui, qu'elle commencera à le traiter de la même façon.

enfants terribles

encore un soir, encore une fois. t'es au milieu de la foule en délire, qui hurle comme des loups dans la nuit, au milieu d'un cercle de requins aux dents acérées, et tu tapes, tapes, et tapes encore. t'as révisé tes coups à la boxe, tu mets le type en face de toi en sueur, tellement qu'il vacille sur ses jambes trop maigres, pas assez remplies, pas comme toi. tu gagnes et pourtant, tu te prends ce coup, énorme, sur le visage. tu peux même goûter à ton sang, ce goût que tu connais trop bien maintenant. le sang qui te coule dans l'oeil, ça pique mais t'as pas le temps de comprendre, pas le temps d'enlever, parce que t'esquives les coups. dans un souffle, t'achèves le combattant d'un coup au visage, violent, on pourrait entendre ses os craquer, sa mâchoire qui bouge, comme un décrochage. t'as fini le combat, t'as gagné ton argent sale que tu planques dans ton caleçon, parce qu'on sait jamais ici, dans ce monde trop laid, ce qui pourrait arriver. on te félicite, tu t'en moques, encore plus quand au loin, t'arrives à voir un visage qui t'est familier, trop même. dans la noirceur de la nuit, et entre les quelques réverbères qui allume la rue, tu la vois, encore plus belle que dans tes souvenirs, mikye, farouche et rêveuse, douce et sauvage. la fumée qui s'envole de ses lèvres, et elle te balance ces quelques mots qui te feraient presque frissonner. t'avais oublié sa voix, t'avais oublié ses yeux, t'avais zappé les souvenirs, et y a tout qui te revient dans la face, tu comprends pas. tu hausses les épaules à sa phrase. ouais, ça va, j'ai connu pire. aucun sourire qui n'émane de toi, tu sais pas si c'est une bonne idée qu'elle soit là, parce que tu sais pas si tu serais pas capable de retomber amoureux. t'as beau faire les gros durs, t'es qu'un pauvre gars en recherche de reconnaissance, d'amour. qu'est-ce que tu fais là ? c'est pas un endroit pour toi, tu sais. tu regardes autour de toi, avant d'allumer une cigarette, qui réchauffe ton âme. y a plus que les clopes qui te font ça, te réchauffe un peu. tu te souviens de mikye, avant, quand t'étais avec elle, quand c'était beau et doux, l'amour dingue, peut-être trop. et sûrement que c'est ce qui vous a brisé. trop d'amour, trop de haine, trop de tout. t'as enfin ce pauvre sourire qui vient s'afficher sur ton visage, et quand tu recraches la fumée, tu y glisses un soupir, caché. t'as pas changé. dans le sens : t'es toujours aussi belle.

ouais, ça va, j'ai connu pire. Qu'il répond, imperturbable. Elle lève les yeux, y a des choses qui changent pas, qu'elle ne peut pas s'empêcher de penser. Imperceptiblement, elle secoue la tête, pas qu'elle ne le croit pas, mais plus parce qu'elle peut pas s'empêcher de se demander dans quoi il s'est fourré. D'une certaine façon, il est comme elle, il attire les ennuis, comme un aimant sur un frigo. Comme elle, attiré par lui, toujours d'une certaine façon, comme si les années n'avaient pas passé. Parce que d'une certaine façon elle se revoit, y a quatre ans, à ses côtés, des étoiles plein les yeux pour la naïve qu'elle était peut-être à l'époque, pour lui, elle a ressenti ce qu'elle avait jamais ressenti avant. Et ça pouvait pas être bon. Pourtant ils ont voulu y croire, parce qu'ils étaient comme des drogués, qui avaient besoin de leur dose quotidienne, besoin l'un de l'autre. Rupture brutale, sevrage obligatoire. Pis finalement, il est là, vile tentation, pouvant attirer, mirage d'une droguée qui pourrait reprendre une dernière dose. Non. qu'est-ce que tu fais là ? c'est pas un endroit pour toi, tu sais. Elle hausse un sourcil, le dévisageant un instant supplémentaire. Une blague. Pourtant, elle n'en entend pas la chute, alors, un rire cristallin s'échappe entre ses lèvres tandis qu'elle secoue légèrement la tête. "C'est quoi ça, un endroit pour moi?" qu'elle commence par dire. "Je sais m'défendre ", qu'elle souffle. Vérité ? Peut-être, elle aime le croire en tout cas. Parce qu'elle est intrépide Mikye, elle a peur de rien, alors qu'elle devrait peut-être, parfois, se mettre des barrières. Mais c'est pas son genre. Elle le regarde sortir une clope de son paquet, la glisser entre ses lèvres, elle détourne pas le regard, comme fasciné, comme toujours, par ses gestes qu'elle a toujours trouvés gracieux. Distant, il esquisse enfin un sourire, comme si des pensées qui échappent à Mikye venait enfin d'imprégner son esprit. t'as pas changé. Toi non plus. Qu'elle a envie de répondre, trop rapidement. Mais elle se retient, fait durer le suspens, ne détourne pas le regard, elle en oublie la cigarette qui doucement se consume entre ses doigts, comme leur relation, jadis. "Toi non plus.. " qu'elle commence, voix douce. "Enfin presque." Parce que son arcade est toujours ensanglantée, et ça, c'est nouveau dans le portrait de Lil, qu'elle connait que trop bien. "Qu'est-ce qui t'es arrivé ? " Sous entendu, est-ce que c'est un incident prévu, ou doit-elle se préparer à courir pour échapper à un groupe qu'il aurait énervé.

l'arcade continue de saigner, et t'y fais même plus attention, en fait. tu préfères te concentrer sur ta cigarette, qui se consume comme l'amour entièrement envolé entre mikye et toi. tu te concentres aussi sur elle, son regard de braise et sa façon de rester imperturbable, comme toi. vous êtes les mêmes, au fond. cassés. c'est aussi pour ça que vous ne pouviez pas rester ensemble, vous êtes bien trop les mêmes, deux âmes en peine qui se cherchent. y a son rire qui se perd dans la nuit, toi tu comprends pas trop pourquoi elle rit à ta phrase qui se voulait sérieuse. c'est vraiment pas un endroit pour une fille comme elle, douce et un peu perdue. alors tu fronces les sourcils, et ça te fait mal. j'rigolais pas, mais on verra bien quand t'auras un kilo d'connards qui te courront après. tu dis ça, mais tu laisserais pas faire les gars. mikye, on la touche pas, un peu comme une protégée, tu refuses qu'on lui fasse du mal, qu'on lui parle mal. tu le dis pas, mais sûr que tu la protégerais et que tu serais prêt à te battre pour elle, encore. ta cigarette terminée, tu lâches les restes de fumée en hauteur, avant de jeter d'un claquement des doigts la clope, pour qu'elle aille s'envoler au loin, et s'éteindre, comme vous. t'as pas changé, apparemment, pourtant, t'as l'impression d'être plus triste, au fond de toi, avec plus de rage, et c'est pour ça que tu te bats, t'as ce truc en boule dans ton ventre que tu voudrais faire sortir en combattant, mais t'y arrives pas. tu sais, les gens changent. tu laisses la phrase en suspens, ton regard qui plonge dans le sien, trop grave, et puis, tu détournes le regard, comme tu fais toujours, avant de venir racler le sol avec une de tes chaussures fracassées. j'fais ça maintenant. des combats de rue pour un peu plus d'argent. c'est pas arrivé comme ça, tu sais, cette baston. tu vois bien que ça lui fait peur. sûrement qu'elle se doutait pas que le lil qu'elle connaissait deviendrait un gars comme ça. t'as le regard triste, mais qui se veut confiant, t'espères la berner, mais t'es pas sûr d'y arriver, parce qu'elle reste mikye. et toi ? tu deviens quoi ? t'as peur qu'elle te dise qu'elle a retrouvé quelqu'un. ça fait peut-être quatre ans qu'elle est plus à toi, mais t'as ce besoin de la savoir libre.

Vous êtes là, l'un face à l'autre, comme les deux gamins que vous étiez avant. Avant que la vie ne fasse son travail et vous abîme un peu plus. Certains diraient que vous avez la vie devant vous, mais elle, elle sait que la vie c'est pas quelque chose de facile, quelque chose de beau. j'rigolais pas, mais on verra bien quand t'auras un kilo d'connards qui te courront après. Qu'il lui dit sérieusement, quand elle fait mine de pas reconnaître le danger de certaines rues. Elle est pas faible, c'est sûr. Elle hausse un sourcil, mains sur les hanches parce qu'elle aime pas ça, elle aime pas que lui, ou n'importe qui, insinue le contraire. "Ils peuvent venir.." qu'elle dit simplement, mais au fond même si elle ne doute pas forcément d'elle, alors qu'elle devrait probablement, elle sait que si ça arrivait, il tournerait pas les talons, il resterait pour la défendre, quoi qu'il arrive. Leurs chemins se sont peut-être séparés depuis longtemps, mais sur ça, elle n'a aucun doute. tu sais, les gens changent. A ces mots, elle est intriguée, elle penche la tête, et laisse son regard se balader sur sa silhouette, sans vergogne, pour finir par se remettre sur son visage. "Et toi, tu as changé?" Qu'elle lui demande. Elle ne doute pas de la véracité de ses propos, mais elle se demande seulement à quel point lui pourrait avoir changé. Il finit par détourner le regard, quand elle lui demande d'où lui vient sa blessure. Ca attire encore plus sa curiosité. j'fais ça maintenant. des combats de rue pour un peu plus d'argent. c'est pas arrivé comme ça, tu sais, cette baston. Elle fronce les sourcils, son palpitant s'emballe légèrement, parce que si elle s'intéresse pas à ça, elle est pas stupide, c'est dangereux. Alors elle aime pas ça Mikye, elle est pas d'accord. Elle sait qu'elle a pu rien à dire sur sa vie, pourtant, elle pourra pas s'en empêcher. "Tu devrais pas faire ça pour quelques billets.." qu'elle lui dit, une moue sur le visage. Et s'il lui arrivait quelque chose? Et si quelque chose lui était arrivé, avant? Elle l'aurait pas su. Ca l'a contrarie, c'est trop dangereux. Il a jamais fait dans la dentelle Lil, mais ça, c'est trop, même pour lui. Elle laisse tomber sa cigarette qu'elle a laissé se consumer sans la terminer. et toi ? tu deviens quoi ? Elle plisse les yeux, parce qu'au final, elle est pas devenue grand chose. L'ambition, ça a jamais été pour elle, mais servir au diner, ça n'a jamais fait partie de ses plans pour autant. Puis finalement, elle hausse les épaules. "J'bosse au brie's depuis quelques mois.." qu'elle se contente de dire. C'est bref, mais sur sa vie, y'a pas grand chose à dire. "Faut qu'tu fasses soigner ça avant que ça s'infecte.." que tu relances, en parlant de son arcade.

friends, waffles and work