okay or oups, the kids are all right.
with @eliot fleming

Deuxième jour de la semaine. Celui là, tu l'attendais avec impatience comme toujours depuis la période enfantine. C'était idiot que de penser que le mardi était un jour hors du temps, qui sort de l'ordinaire. Il y a une anecdote derrière tout cela, elle n'est plus réellement un secret pour ton entourage aussi petit soit-il. Aujourd'hui était le jour du vide grenier des habitants du quartier voisin. Une habitude que tu avais prise depuis plusieurs années maintenant. Le couple de retraité à quelques pâtés de maison du domicile familial était d'anciens libraires, des amoureux des lettres qui aimait partager leur passion pour les manuscrits. Leur bibliothèque est une véritable chambre aux trésors aux yeux de beaucoup de gamins de l'arrondissement et ce petite rassemblement ne manquait jamais de réconcilier les fâcheux de l'orthographe avec l'imagination magique des lèvres. Et puis c'était une manière économique – il faut le dire – de se faire plaisir à l'âme. La tienne était passionnée, entière et vivante mais bien trop sous l'ombre de ta timidité. Haussant les épaules pour envoyer valser sur les roses la réalité du jour, tu grimpes les quelques marches du perron mais reste quelque peu stoïque en voyant la baie vitrée de la terrasse. Grande ouverte, elle donnait une vision parfaite sur l'intérieur. Eliot faisait-il le ménage ? Tu fronces le bout du nez peut convaincu par ta réflexion. Des 'boom boom' assourdissant te parvienne quelque peu à l'oreille. Bien que ton audition a tendance à baisser au fur et à mesure des années, tu parviens encore à entendre certains bruits – plus que d'autres. Tu décides d'entrer par la porte principale puis dépose les livres sur le petit meuble de l'entrée. Plus tu t'aventures dans le logement, plus tu prends mesure du cirque qui règne à l'intérieur. Se dandiner sur un air de musique techno tout en faisant la cuisine, serait-il le nouveau passe temps de ton frangin ? Finalement ton regard se pose sur l'image de ton hérisson qui se balade à tout va, à son aide, en liberté dans la cuisine. Tu récupères l'animal entre tes mains juste avant qu'il ne s'accouple avec l'éponge – à l'image de la pub ou presque – puis tapotes l'épaule de ton frère. « Pourquoi Percy est sur le comptoir de la table ? ». Signes-tu en montrant le petit aventurier dans tes mains. « C'est nouveau la cuisine ? ». Reprends-tu sans pour autant t'empêcher de rigoler en le voyant pour la première fois – depuis longtemps – derrière les fourneaux.

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with @eliot fleming

La scène est d'un comique : toi avec un hérisson entre les mains, ton frangin derrière les fourneaux avec le petit tablier  « meilleur jambon 2018 » - inscrit sur le devant. Tu ricanes doucement tout en comparaison l'image qui danse dans ta mémoire.  Votre père avait gagné la première place du meilleur prix pour la confection d'une recette basé sur le jambon. Encore un souvenir marrant mais avant tout familial. « J'espère que tu sais qu'il n'est pas au menu, jamais de la vie. ». L'affirmation est sérieuse mais bien compliquée à se départir de l'ironie de la situation. L'animal était l'un de tes compagnons de route les plus importants, même Vera ne cessait de te faire la réflexion pour te taquiner. Percy, tu l'avais trouvé dans les bois environnants où tu avais passé la nuit pour camper. Blessé, tu l'avais recueilli et depuis il ne lâchait pas le moins du monde. A croire que son nid était ton environnement. Eliot feint de ne pas savoir sur la liberté totale de l'animal apprivoisé dans la cuisine alors que tu le remets dans ses quartiers. Comme tu le pensais, les bonnes intentions de ton frangin commence à s'essouffler. C'est visible comme le nez au milieu d'une figure après tout c'est facile de lire en lui comme dans un livre ouvert. Unique fille de la fratrie, tu étais celle qui avait quelque peu rattrapée les travers de la présence maternelle – pour ne pas dire absence partielle ou totale. L'art culinaire est une activité qui jusque là t'a toujours plutôt bien réussi et ce n'est pas tes deux ainés et ton paternel qui diront le contraire. « Allez va, je vais m'occuper de terminer ce que tu as commencé. ». Le considérant d'un clin d'oeil moqueur, tu l'incites à s'asseoir prenant la casserole qu'il avait dans la main. Ainsi tu supervises la cuisson des œufs. D'un seul coup d'oeil, tu balayes la pièce d'un mouvement circulaire. Les idées fusant dans ton esprit pour faire à ta sauce un petit déjeuner digne de ce nom. Il faut dire que tu étais friande de la cuisine française. Sachant y faire – et surtout quoi faire – tu sors des placards et du réfrigérateur de la farine, du beurre, du chocolat noirs, des œufs ainsi que quelques fruits. L'agilité de tes doigts est comme une chorégraphie, un rappel des mouvements que tu pouvais manifester lorsque tu jouais du violoncelle. Tu te souviens encore l'expression faciale d'Eliot lorsque tu avais décidé d'apprendre à jouer de cet instrument.'Ce truc est aussi grand que toi, tu vas y arriver ?'. « C'est gentil d'avoir préparer le petit dej' mais je veux que tu saches que tu peux rester autant que tu veux. ». Ta voix était cruellement sincère car ces derniers temps, tu peinais franchement à demeurer toute seule. Tu avais tes raisons certes mais la présence de ton frère combler le silence qui gagnerait doucement mais certainement le terrain sur ta vie. « D'ailleurs, j'aurai besoin que tu signes un papier .. . ». Ton timbre s'effiloche quelque peu lorsque tu te rends compte des mots qui ce sont échappés de tes lèvres.