thaïs, i’m your father
with @thaïs jones
Il était en train de réfléchir à ce projet de livraison à domicile lorsqu’il sentit son téléphone vibrer dans sa poche. Il venait de finir de tracer un tableau pour y mettre les avantages et les inconvénients. Sean sortit son téléphone de sa poche, fronça les sourcils en voyant un numéro inconnu. Alors il décrocha, tiqua quand il entendit que c’était le lycée de sa famille. Pourquoi diable recevait-il un appel ? Il écouta, les sourcils toujours froncer. Il était convoqué pour une histoire de bagarre. Il raccrocha, enfila sa veste, laissa ses plans de livraison à son second avant de prendre sa voiture jusqu’au lycée. Ils avaient s’être trompé de Jones, c’était pas le genre de sa fille de se retrouvait impliquer dans une histoire de bagarre. Il déambula dans les couloirs, jusqu’à arriver jusqu’au bureau du proviseur. Alors il promit qu’il allait avoir une discussion sérieuse avec sa fille, que ça ne se reproduirait plus. Il rentra au restaurant, perturbé par cette histoire de bagarre. Même lui, grand justicier de la cour de récré à ses heure perdues, il n’avait jamais eu besoin de sortir les poings. Il s’excusa auprès de son second, il ne viendrait qu’en fin de soirée, pour la fin du service. Pourquoi ? Oh, léger problème familial, rien de grave, juste quelques explications à entendre. Il rentra, s’installa juste dans le canapé, allumant la télé en attendant qu’elle rentre. Et quand enfin, il entendit la porte claquer, un peur tard à son goût, il se leva pour dévisager la jeune fille devant lui. Tu finissais pas plus tôt ? Il demanda alors, les bras croisées sur son torse, le regard accusateur. Celui là, il l’avait hérité de son père, ou comment faire avouer n’importe quel délit à son enfant. Mais il n’avait la patience de son père et sa fille pouvait parfois être beaucoup plus maline que lui, alors il décida de carrément évoquer le sujet. Le proviseur de ton lycée m’a convoqué, c’est quoi cette histoire de bagarre ? Il soupire alors, ne sachant que penser. Il voulait avoir les deux versions, se doutant bien que celle de sa fille devait être différente de celle du proviseur, mais quand même.

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Il aura simplement fallu une insulte de plus pour que Thaïs réagisse et mette une claque à cette fille qu’elle trouvait de plus en plus insupportable depuis maintenant plusieurs semaines, plusieurs mois. Clea. Le cliché de la gamine populaire qui aime emmerder son monde pour se sentir appréciée par son public qui ricane à chaque moquerie pourrie qu’elle balance sur ses cibles. Elle n’a jamais vraiment eu de soucis avec Thaïs puisqu’elles ne se sont jamais vraiment adressées la parole. Seulement, il a fallu qu’une moquerie à propos de son style vestimentaire (qui est, on peut le dire, normal) pour que le mode « robot tueur » de Thaïs se déclenche. La première fois, elle a laissé passer. La seconde fois, elle a soupiré. La troisième fois, elle s’est levée en plein cours pour aller retrouver la blonde, assise à deux tables d’elle, et lui coller une grande gifle. C’était jamais arrivé avant, ça a surpris tout le monde. Comment est-ce que ça avait bien pu arriver, comment est-ce que Thaïs, qui était de nature très sage, avait bien pu lever la main sur l’une de ses camarades ? Mystère et boule de gomme. Elle a été accompagnée chez le principal où elle a passé un sale quart d’heure avant de récolter une heure de retenue et passer le reste de sa journée en salle de permanence, à réfléchir à la bêtise qu’elle avait faite.

L’horloge du salon indiquait 17h30 quand Thaïs passait la porte d’entrée. Elle avait officiellement terminé les cours à 15h30, mais ça, papa n’était pas censé le savoir. Thaïs se permettait depuis peu de passer un peu de temps avec ces deux garçons qu’elle avait rencontrés à la rentrée, des petits caïds de sa classe, certes, mais qu’elle trouvait plutôt marrants. Ils avaient le don de la faire rire, de lui changer les idées quant à ses petits problèmes d’adolescente. « Le bus est pas passé. J’ai dû prendre le prochain, p’pa. » Elle le regardait, silencieuse, devinant qu’on l’avait appelé pour le prévenir de l’incident au vu de son humeur. Elle se débarrassait de sa veste qu’elle posait sur le porte-manteaux dans l’entrée, laissant son sac au bord du salon. Il ne lui fallut que quelques secondes pour que ses doutes se confirment. « Une fille qui m’embêtait, rien de méchant. » Elle le rassurait comme elle le pouvait d’un ton calme, elle ne se rendait pas vraiment compte de la gravité de cette bagarre qui n’en était pas vraiment une… Une claque, c’était tout, rien de plus. « J’ai eu un seize sur vingt en mathématiques. » Elle lui annonçait, ses lèvres vêtues d’un sourire bien plus crédible qu’auparavant. Lui changer les idées, c’était ce qu’elle voulait faire. Après avoir vécu seize ans à ses côtés, elle savait très bien comment se faire pardonner après chaque bêtise. C’était tout un art. Elle prenait place sur le canapé après avoir attrapé un yaourt à la framboise dans le frigo.

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Sean, c’était le genre papa cool. Il savait quand il devait hausser le ton, il savait quand il devait s’amuser avec sa fille. Il avait ses limites, mais ils pouvaient quand même se permettre quelques libertés quand ils étaient tous les deux, des choses que sa mère n’aurait peut être pas permise. Mais il était sûr et certain que normalement, elle rentrait plus tôt. Il n’était pas souvent là quand il rentrait, mais dans son souvenir, elle ne rentrait pas à cette heure si. Ou alors la grande aiguille sur sa montre avait soudainement bougée trop vite. Et normalement, sa fille ne giflait pas une de ses camarades en plein cours. Elle ne giflait pas ses camarades tout court. Alors, il trouvait légitime de savoir le pourquoi du comment. Alors quand elle utilisa l’excuse du bus, il eut un doute. Mais soit, il lui accordait ça, que le bus n’est pas passé. Il la laissa se débarasser de ses affaires, la regarda faire, toujours dans l’entrée, l’œil sévère. Il lâcha un léger rire, nerveux, quand elle lui répondit que c’était parce qu’une fille l’avait embêté. Elle t’a juste embêté ? Donc à chaque fois que quelqu’un va t’embêter, tu vas te lever et le gifler ? Il demanda alors, les sourcils froncés. Le nombre de claques qu’il aurait du donner s’il devait le faire à chaque fois que quelqu’un l’embêtait. Il soupira alors, en entendant sa note. Une bonne note ne pouvait pas excuser ça. Heureusement que les parents de l’autre jeune fille avait simplement accepté que Thaïs s’excuse. Mais il connaissait sa fille, il savait que ça serait compliqué. C’est bien, mais ça n’excuse pas la gifle. Il la regarda partir dans la cuisine puis revenir et s’installer sur le canapé. Il attendit qu’elle ouvre son yaourt avant de contourner le canapé et de s’assoir sur le fauteuil, en face. Demain, il faudra que tu ailles t’excuser, c’est non négociable. Il fallait aussi qu’il la punisse, pour éviter qu’elle ne recommence, mais il attendait de savoir la raison exacte de la claque avant de se décider. De toute façon, il n’était jamais très sévère, parce que son père l’avait été avec lui. Enfin, il s’était amélioré lorsque Thaïs était née. Il eut un sourire à ce souvenir. Toute sa vie, il se rappellerait le regard de son père qui s’est éclairé quand il a tenu sa petite fille dans ses bras. Tu sais que tu peux me dire si quelque chose ne va pas au lycée ou si tu te sens pas bien. Il continua alors, jouant un peu aux psychologues. Il y avait forcément une raison, on ne changeait pas de comportement du jour au lendemain, si ?