fratricide

t'es là à marcher vite, mains que tu fous dans les poches de ta veste, capuche sur la tête. y a amory qui t'attend, t'as même pas envie de le capter ce gars, bien que d'habitude, c'est ton gars. mais quand t'entends ses messages, putain t'as pas envie. tu dois de la thune, t'en dois une bonne liasse, et t'as tout vidé, t'as tout vidé pour tes conneries de shit et tout ça. heureusement, t'as les combats qui te font gagner un peu, mais pas assez, et c'est pas votre bande qui va te rendre riche. tu verrouilles ton portable et t'avances ta clope au bec vers la mort, sûr. si t'étais pas encore au rendez-vous, c'est simplement que t'avais la flemme. la flemme de voir la sale gueule d'amory. et là tu l'aperçois, lui et ses airs vener. t'arrives, t'essayes de capter la température, mais pas de check, rien, y a juste ses yeux furieux qui te menacent. t'as pas l'argent putain, pas la totalité du moins. tu sais que l'histoire va partir en fight club, mais ça te fait pas peur, bien qu'amor soit calé en fight lui aussi, parce qu'il a le goût de ça, le goût de la violence. désolé j'étais bloqué, j'pouvais pas venir. t'en dis pas plus, t'as pas envie de lui en dire plus de toute façon. pas envie de dire que t'étais chez toi avec asmar à déconner et tout. t'façon j'ai pas l'argent mec. tu vois son visage changer trop vite. t'écrases ta cigarette au sol, et c'est comme ça que tu vas finir toi aussi, écrasé. tu tends des billets, pas même la moitié du compte, t'en mènes pas large, tu fermes ta gueule et t'es prêt à encaisser les critiques. c'est tout c'que j'ai pour l'instant, gros. t'as le regard froid, t'essayes de te grandir pour pas montrer que ça te fait chier. tu fais genre, rien à foutre, c'est pas mes problèmes, mais putain si, t'es carrément dans les problèmes, cette fois.

tu vois bien que ça va pas, que tu vas t'en prendre dans les dents. y a amory qui bouillonne, ça se sent, ça se voit, ses poings qui se serrent et sa mâchoire qui se crispe. dur à dire, mais ce soir, amory s'en tape de toi. amory, il veut son argent, ça fait trois jours qu'il le veut, et toi, tu joues au mort, bien que tu le sois bientôt véritablement, mort. y a sa main qui se pose sur ton épaule, t'es pas serein, pas même quand il te dit rattraper le coup. amor, tu fais jamais trop le fier devant lui quand il est énervé, parce que, bien que tu sois un sanguin, lui, il te bat sans sourcilier. t'as pas le temps de dégager sa main que son genou s'enfonce dans ton ventre, t'es plié en deux, quand t'entends amor qui te dit des trucs que t'as même pas envie d'entendre. t'as presque envie de t'excuser, lui dire que tu vas l'aider, mais tu tombes au sol face aux coups qui pleuvent sur toi. y a ton crâne qui frappe le sol, t'es paumé, tellement que tu sens même plus les droites. quand amor te lâche deux secondes, t'as la rage qui monte en toi. y a du sang sur le sol, le tiens. casse-toi putain. tu te relèves difficilement, t'as la tête qui tourne mais tu tiens bon. tu vois rouge ce soir, tu vois rouge et t'as la haine envers amor, alors, t'hésite pas à lui sauter dessus, le plaquer contre le mur, bras sur sa gorge. t'appuies fort, t'espères qu'il s'en sortiras pas cette nuit, qu'il crève, l'enflure.

t'as tellement de rage en toi que ça devient flippant. tu sautes sur ce gars qui est avant tout ton pote, tu te reconnais même pas, mais faut dire qu'il t'a fait pisser le sang, et toi, t'as ces réflexes de bastons, de fight de rue qui font que tu sautes sur les autres, pour leur couper toute envie de te détruire. t'as fait pareil pour amor, oubliant la beauté du rap qui vous unie. y a amor qui te menace, qui te met face à tes réalités, et tu te trouves con. c'est vrai putain, tu vas pas le buter ? c'est ton pote, tu peux pas faire ça, y a des codes, des trucs à pas dépasser. il te pousse, tu expires fort. t'as les nerfs à vif, le coeur qui manque d'exploser parce que trop de violence en une fraction de secondes. tu réponds pas à amory, parce que t'as en travers le fait qu'encore une fois, il t'ai foutu des droites. sans un mot alors, tu déverrouilles ton portable, cherche asmar. ça répond pas, mais tu laisses un message. ouais gros, j'suis avec amor et on a besoin d'toi, tu nous verra, on est sur palmer street. ramène-toi gros, s'te plaît. tu raccroches et t'as le regard sombre qui se plante sur amory. satisfait ? tu craches ton venin, puis au fond, tu te demandes si ça sert à quelque chose, avec amory, de te la jouer comme ça, alors t'arrêtes.

@asmar genesis  

t’avances lentement et c’est le dégoût qui te porte, la honte aussi. tu vas chez tes parents avec le chèque du mois dans les mains. ils ont refusé celui du mois dernier, ils ont compris ton petit manège à croire que ça te laverait de tes péchés. conneries. t’es le pire de tous et tu le sais que tu vas devoir payer avant de devoir quitter cette terre. y a ton téléphone qui sonne, décroche pas asmar, continue d’avancer. te défile pas, t’es pas un lâche, si ? faut que t’affrontes la dure réalité de ta pitoyable existence, va voir la misère en face, sans elle t’es plus rien. tu soupires, le cœur qui bat trop vite. tu regardes quand même ton téléphone, on sait jamais. c’est lil, et si c’est lil alors ça n’attend pas. tu t’arrêtes net pour écouter a voix résonner. et lil il dit qu'ils ont besoin de toi alors tu rappliques, aussi vite que tu peux. y a rien que tu ferais pas pour ces gars là, c'est toi qui irait cramer au milieu du feu pour leur empêcher de pourrir en enfer. leurs deux silhouettes qui se dessinent quand t'arrives, du sang sur le sol, lil qui a visiblement pris des coups alors tu beugles : bon, c'est quoi l'embrouille ?

ça te fout le seum de voir que tu mets amory dans la merde, mais t'as pas l'argent, c'est comme ça. problème de gars pas nets qui mentent. tu regardes le fou qui explique à asmar, bien trop aimable de se ramener alors qu'il avait certainement d'autres merdes à fouetter. t'as les yeux qui se lèvent vers le ciel noir, puis t'essuies le sang qui coule de ton nez. putain de connard, à filer des droites sans jamais réfléchir. pour ça au moins, vous êtes les mêmes. j'peux m'démerder à faire un combat en plus avant demain, et te filer d'l'argent, mais pas 600. que tu lances désespérément. t'as envie d'aider, parce qu'amory, c'est ton pote, le gars avec qui tu fais du rap et t'as pas envie de le perdre pour des conneries plus grosses que vous. mais tu vois bien dans les yeux de ton pote qu'il a envie de te tuer encore une fois, alors, tu prends ton air arrogant, t'avances vers lui le buste en avant. arrête ce regard, amor, sérieux ça m'plaît pas. t'es du genre provocateur, et t'as peur de pas grand chose, ce soir, t'as même pas peur de lui. t'es prêt à te battre à nouveau, tu comptes simplement sur asmar pour vous protéger.

l’ambiance est pesante et l’air humide ce soir et tu sais que c’est tes gars qui ont provoqué la colère des dieux. pas de blème d’argent ou de meufs qu’on avait dit, et voilà qu’ils balayent tout ces deux cons. t’as envie de les tuer tous les deux, lil qui est pas foutu de trouver l’argent et amor qui vient se briser un des codes fondamentaux impunément. tu comprendras peut-être un jours asmar que cette prise de distance avec les sources d’argent qu’offrent la rue n’a jamais fait de toi quelqu’un de meilleur. c’est que dans ta tête, un boulot reconnu par la société pour faire bien et tu te penses hors d’atteinte, protégée par une rationalité extraordinaire, sans jamais effleurer l’idée qu’il pourrait bien t’arriver de chuter toi aussi. et en attendant, leur peine c’est aussi la tienne. tu t’accroupis devant amor, il a peine a commencé à parler et tu veux déjà qu’il la ferme, t’arraches sa cigarette de son bec pour la planter entre tes lèvres et tirer une taffe. lil, n’en rajoute pas… que tu siffles en fouillant dans ta poche. les deux chèques censés assurer la survie de ta famille pour réconcilier les deux frères ennemis. 350 et 350. prends ça j'veux plus entendre parler d'argent. et fais plus jamais ça on est dans un putain de lieu public. tu lui rend la cigarette et tu te lèves pour observer le tableau, ça pue, c'est moche. vous avez l'habitude de vous taper dessus mais putain que là ça sent pas bon.