From the grave

Yuva

Une année. Il t'avait fallu presque un an pour venir la voir. Avant tu avais toutes les excuses du monde. Depuis quatre années que ton père avait fini par tuer ta mère, tu n'avais même pas pris le temps de t'arrêter. Même quand tu l'avais sur tu avais simplement hausser les épaules. Comme si on venait de t'apprendre la mort d'un lointain voisin que tu avais connu dans ton enfance. Et pourtant, c'était bien ta mère qui était morte. Pourquoi ne pas réagir ? Parce que ça faisait longtemps que tu avais tirer un trait sur ces deux là. Même avant de quitter la maison. Ton cœur s'était détacher d'eux. Question de survie. Pour ton bien être mental, tu avais conclu qu'il fallait te passer d'eux . Que tu valais mieux que ça. Que tu avais mieux à chercher ailleurs. Quand tu avais appris la mort de ta mère, tu n'avais pas réagit tout de suite. Non, ça t'avais pris quelques semaines après, au milieu d'un voyage en Amérique du Sud. Alors que tu étais seul à t'endormir dans un hamac, serrant ton sac, tu avais craquer. Pleurer sans peines pour la mort d'une femme qui ne te manquait pas. Et depuis ton retour, rien. Absolument aucune envie. Mais le mois dernier tu avais craquer. Tu avais vu ce bouquet chez le fleuriste. Un bouquet de tulipe noir. Et tu avais pensé à ta mère. Parce que des fleurs noirs c'était un parfait symbole pour elle. Toujours en noir, avec des vêtements amples. Pour cacher ses marques, ses bleues, sa peur. Elle était une fleur fragile qui se camoufle. Alors tu avais pris le bouquet et tu étais parti en quête de sa tombe au cimetière non loin de l'église. Tu sais qu'elle avait été entourée de ses amies pour son enterrement. Qu'on prenait soin de sa tombe. Et aujourd'hui, c'est avec un nouveau bouquet que tu t'y présentes. Alors qu'il pleut averse. Tu avais un besoin d'aller sur sa tombe. Tu t'assoies sur le sol mouillé. Tu vas probablement tomber malade. Mais tu t'en tapes. « Bonjour Maman. Je t'ai apporté des fleurs. Et … Et je … Pardon de t'avoir abandonner ... » Tu te sens coupable. Tu as des larmes qui coulent sur tes joues en silence. Parce que ta tristesse est muette. Parce que tu n'as pas de regrets, mais quand même des remords.  

from the grave // @yuri dobiev
orpheline depuis bien longtemps. une mère qui s'en est allée en dépit d'une maladie bien trop forte. un père toujours emprisonné et dont elle ne veut rien savoir. mais pourtant un frère, perdu dans la nature dont elle ne cherche pas forcément. sans savoir pourquoi, ni comment. ça l'effraie. alors elle préfère y déposer un voile épais, capable de couvrir et noyer sa peur jusqu'au fin fond de son être. parce qu'après tout, il n'est qu'un homme dont elle ne sait rien, si ce n'est qu'ils ont le même sang. ou presque. évasif, il avait été le paternel. n'en déplaise à nova. seulement un nom. seulement une étiquette. aucune description faite et trouble l'entoure depuis ce jour là. incapable de voir quoi que ce soit. incapable de foncer tête baisser et remuer ciel et terre pour mettre la main sur la seule famille qu'il lui reste aujourd'hui. quand bien même, il n'assumerait surement nova, parce qu'elle sait, la petit au nom d'astre, qu'elle est un poids pour bien des personnes. et plus encore depuis quelques années. elle sait qu'elle peut être rejeté d'un simple revers de la main. tout comme elle sait qu'elle peut sombrer suite à ce même rejet. et pourtant, c'est toujours avec cette âme d'enfant délicate qu'elle vient, parfois, déposer des fleurs sur la tombe de sa mère. tout comme parfois, elle en dépose également, sur celle qui fut épouse de son paternel parce que bien souvent, et bien trop vite, elle peut se retrouver à l'abandon. et au fond, nova, elle comprend que cette femme, au même titre que sa mère, avait été victime de trahison. de douleur. alors elle couvait une tombe qui n'était sienne. parce qu'elle est l'enfant pure et délicate que bien des parents voudraient avoir. mais surtout parce qu'elle est doté d'un aspect compréhensif, empathique bien trop développé. puis dès lors que le premier bouquet s'échoue sur la pierre de sa pauvre mère, elle lèvre les yeux, attiré par une silhouette curieuse. silhouette qu'elle n'a jamais vu. mais sans crainte aucun, elle abandonne sa mère, temporairement pour s'avancer vers la personne qui n'a de cesse d'attiser sa curiosité. excusez-moi ? parce qu'il n'est jamais simple de déranger une âme en peine. êtes-vous de la famille ? le visage de l'homme toujours inconnu, elle tente à soutirer quelques informations, par précaution car le monde n'était plus ce qu'il était. car le monde devient effrayant et sans pitié. et dieu seul sait ô combien un détraquer pouvait, par pur plaisir, dénaturer, dévaster une tombe.

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