Tu déboules dans cet environnement aseptisé, avec toujours ce malaise au creux du bide. La moquette qui couvre le sol, les escaliers de marbre, les rampes impeccablement lustrées. T'es pas habitué à tant de chichis au sein du poste où les boulettes de papier jonchent le parquet, les sandwichs des collègues de la veille dégueulent d'un tiroir et l'odeur nauséabonde du type qui a passé la nuit en garde à vue embaume les bureaux. Chez toi pourtant tu rêverais que ce soit aussi clean, toi qui récures de fond en comble ta baraque pour ne pas laisser la moindre trace, qui chasses le désordre et la saleté avec une obsession maladive. Mais t'imagines que chacun a besoin de son équilibre. N'empêche que t'as systématique l'impression d'être une grosse tâche au milieu d'un tableau hors de prix quand tu foules le couloir du cabinet d'avocats, au milieu de tous ces requins en costards qui passent leur vie à pourrir la tienne. Pas plus tard qu'hier, cette pouffe aux ongles manucurés glissé dans une jupe qu'elle a sûrement payé avec ton salaire mensuel, a obtenu une nullité de procédure. Et elle ose te sourire. T'aurais bien levé ton majeur si tu ne t'étais pas soucié un minimum du professionnalisme. A la place tu détournes ton visage sans lui adresser le moindre geste de sympathie. « Deran, votre soeur est en ... » T'ignores la secrétaire, habitué à ce qu'elle te refoule sans aucune raison, qu'elle te fasse poireauter le temps que ton aînée termine une conversation téléphonique interminable. « T'as maigri non Nancy ? Tu t'souviens de mon numéro ? » Tu souris de toutes tes dents, esquisses un clin d'oeil de vieux dragueur du dimanche dans sa direction. Tu ne lui laisses pas le temps d'ajouter un mot, abaissant la poignée de la porte du bureau de jo'. « Allez glandeuse, fais pas semblant d'boss ... » Tu relèves le nez, coupé dans ton élan. Deux messieurs tirés à quatre épingles sont assis devant le bureau de ta soeur, visiblement plongés dans une grande conversation aux enjeux vitaux. oups. Tu vas t'faire engueuler. Tu comprends mieux la hâte de Nancy à t'empêcher d'entrer, mais tu n'pouvais pas deviner que cette fois c'était vraiment justifié. « Bonjour messieurs. » Tes lippes forment un sourire crispé. « J't'attends près d'la machine à café. » T'articules dans un murmure avant de disparaître. Nancy te toise d'un air narquois, tu roules tes yeux vers le plafond. Ok, 1-0. Tu t'installes dans un grand fauteuil confortable, ta poche de bouffe sur les genoux. T'as pris des sushis pour l'occasion, histoire d'amadouer ta soeur. Parce que tu t'apprêtes à rentrer dans le vif du sujet concernant son prétendant, et que ça risque de piquer.

CODAGE PAR AMATIS
AVATARS PAR ECRIRE ICI

Joan avait un rendez-vous important ce matin, deux clients potentiels qui voudraient qu’elle s’occupe spécifiquement de leur entreprise ou plutôt start-up. Apparemment, sa réputation l’a précédait ce qui ne l’étonnait guère. Elle avait travaillé comme une dingue pour arriver à un tel niveau et elle n’allait pas jouer les modestes. Elle les bichonna alors toute la matinée tout en leur proposant un accompagnement sur-mesure. Tout semblait bien se dérouler jusqu’ici. Soudain, la jeune femme a la désagréable surprise de trouver son frère en train d’entrer dans son bureau comme si c’était un moulin. Alors qu’elle s’apprêtait à lui demander de partir il lança une petite blague dont lui seul avait le secret. Il venait de la traiter de glandeuse devant deux clients. Elle le fusilla du regard, si un regard pouvait tuer Deran serait en train d’être enterré dans une fosse commune et non pas dans le caveau familial. Il se repris rapidement en comprenant son erreur et salua les messieurs avant de lui signifier qu’il l’attendait près de la machine à café. Soulagée de le voir sortir elle essaye donc de rattraper la situation comme elle le peut en espérant ne pas avoir perdu toute sa crédibilité. - Veuillez excuser mon frère, il n’a pas hérité du gêne de la bienséance. Continuions si vous le voulez bien. Déclara Joan avec un sourire poli. Ils sourirent et se remirent au travail. La jeune femme n’avait pas l’intention de se dépêcher parce que son frère avait décidé de passer sans prévenir. Il allait attendre et c’était comme ça. Elle était forcément curieuse de connaitre la raison de sa venue, mais elle n’en restait pas moins très agacée. Une quinzaine de minutes plus tard, la réunion arriva à son terme. Elle raccompagna à la porte de son bureau ses clients. Par chance, elle avait su rattraper la bourde de son frère et ils prévoyaient même de revenir. Une fois qu’ils eurent disparus, elle alla chercher son frère près de la machine à café. Il n’avait rien trouvé de mieux que de s’installer dans un gros fauteuil comme s’il ne savait pas s’asseoir correctement. Il avait en plus amené de la nourriture à croire qu’il mourrait de faim. - Dans mon bureau, tout de suite ! Lui lança Joan avant de de retourner dans son bureau en sa compagnie. Elle préférait être ferme et froide pour lui donner une petite leçon. - Depuis quand tu débarques dans mon bureau sans prévenir ? Cela va peut-être t’étonner, mais certaines personnes travaillent même le matin. Lui demanda la jeune femme. C’était davantage une question rhétorique elle n’attendait rien de sa part. Elle aimait vraiment son frère, mais par moment elle avait envie de le jeter par la fenêtre. Piquée par la curiosité et pensant que son temps était précieux, elle n’allait pas par quatre chemins pour lui demander : - Tu vas me dire ce que me vaut le plaisir de ta visite ?