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 all heat but no warmth. (poppy)
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Rye Russet

Rye Russet

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() sujet: all heat but no warmth. (poppy)    Ven 14 Déc - 12:41


sext: kiss all my freckles and then make new ones with your cigarette

Les secondes traînent des pieds, se fracassent les unes contres les autres, s'éparpillent entre lui et l'horloge en plastique pendue sur le mur d'en face comme un déversement d'huile sur le sol en linoléum blanc. Le satané tic-tac noie jusqu'aux crachotements erratiques des frigos et croone en rythme avec Frank Sinatra dans un duo de saison cacophonique. Let it snow, let it snow, let it snow. Pourtant, dehors, pas le moindre flocon solitaire en vue, juste un vent arctique piquant qui semble s'être aussi matérialisé entre les quatre murs de la station-service désertique. Les deux coudes posés sur le comptoir et les paupières lourdes de léthargie, Rye peut presque physiquement sentir deux lasers forer des trous bouillonnants à travers l’œil mécanique de la caméra braquée sur son dos. Depuis approximativement quinze minutes, il ne prend même plus la peine de cacher son téléphone portable. Il alterne les parties de solitaire, le scroll machinal d'un feed lent et ennuyeux, et le fixage intensif des chiffres digitaux languissants dans l’espoir vain que, miraculeusement, le temps y soit davantage susceptible d'en finir avec son existence végétative. Et puis, le cycle lymphatique s'interrompe quand l'écran s'illumine soudainement pour signifier l'arrivée d'un nouveau message. C'est Rob. "Poppy thinks someone might've broken in. Do you mind having a look?" Plus que la dévotion, c'est la curiosité qui le fait aussitôt répondre qu'il sera là. Elle tuera les dix dernières minutes de patience qu'il lui reste à vaincre, passées au décryptage des implications. Le coup de deux heures sonne la délivrance. Il a disparu dans la nuit plus rapidement qu'Emmett, The Manager et le seul autre employé présent sur les lieux, ne dégomme les mots redoutables et redoutés, "morning shift".

Il est précisément deux heures et douze minutes lorsqu'il se gare devant l'imposante demeure des Bloom. Casque sous le bras, Rye habite son stéréotype avec tout l'aplomb de celui qui a depuis longtemps arrêter de vouloir le transcender; enlacé dans un demi sourire caustique. Poppy, lettre capitale, se tient droite comme un i sur le perron. Il s'est convaincu de tenir l'interaction au strict minimum, sèchement business-like : trois grommellements désinvoltes, deux haussements d'épaules évasifs, un roulement des yeux assez dramatique pour les décrocher de leurs orbites. Short and sweet, et puis back to bed. A la regarder dans son manteau hors de prix, les bras croisés sur sa poitrine et le port de tête monarchique, irradier de condescendance dans des proportions nucléaires; Rye ne peut pas s'en empêcher. Instinctivement, il tourne saccharine, tout en angles saillants, shrapnel, et miel. "Hi, I'm here to handle it. Shall we?" Deux grandes enjambées et il se tient dans la commissure de la porte d'entrée laissée entrebâillée. Ce qu'il ne parvient pas à préméditer, c'est qu'elle le devance d'une fraction de seconde. Torse contre dos, il se prend un coude dans les côtes et un swish swish de crinière soyeuse au visage dans la collision. Le parfum fleuri entrelacé d'une note d'alcool lui saute à la gorge, brûle les parois de sa trachée et le dépouille de son air. Les poumons encore cruellement gonflés de Poppy, il claque la porte d'un coup sec qui résonne dans le hall et s'empresse d'intercaler autant de distance entre elle et lui qu'humainement possible. "Nice one, you drunk." Rye tend l'oreille à la recherche de pas mais, surtout, il fulmine parce que, lui, il est résolumment sobre et progressivement plus malheureux de l'être. La bâtisse s'est enveloppée dans un manteau de silence. Dans la pénombre, elle est parfaitement figée, et chaque bibelot parait siéger sereinement à sa place habituelle. Si cambrioleurs il y a, la logique voudrait qu'ils auraient dû être alertés par le boucan infernal émanant de l'entrée et force est de constater qu'ils sont soit dotés d'une discrétion remarquable, ou, de façon plus plausible, depuis longtemps envolés avec leur butin. Rye passe la tête dans le séjour, scanne la pièce d'un regard circulaire et la juge identiquement habituelle. "I'll check the booze cabinet. You check... whatever." Il s'aventure dans le salon, laisse ses doigts glisser sur les surfaces en bois lisse. De la pièce d'à côté, avant de se laisser guider dans la salle à manger, il crie à Poppy : "If you see someone, just yell 'rumbumptious' and I'll know." Il se souvient nettement d'une bouteille de Glenfiddich joliment vieillie que Rob garde pour une occasion spéciale et qu'il serait sans doute dépité de savoir partie. Rye, lui, serait définitivement dépité de la savoir partie. En même temps, il calcule ses chances, si elle est toujours là, d'accuser le coup - et les cambrioleurs - si elle venait à mystérieusement s’évanouir. Priorités, priorités.


Dernière édition par Rye Russet le Sam 22 Déc - 5:03, édité 1 fois
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() sujet: Re: all heat but no warmth. (poppy)    Sam 15 Déc - 8:37

if we were alone on a desert island and you could only bring three things with you,
how many of them would be rolls of caution tape?


Mains jointes devant sa jupe, elle scrute la rue, ronge son frein, distille fatigue en patience. Maintient les tremblements à distance avec une discipline martiale. Les contenus de son sac à main cliquètent à l'intérieur tandis qu'elle le balance machinalement d'un genou vers l'autre. Quelques minutes plus tôt, en escaladant tant bien que mal le portail du jardin afin d'investiguer l'état des serrures à l'arrière de la maison, Poppy a établi l'exacte amplitude de mouvements qu'elle peut se permettre sans que le froid ne s'engouffre dans son manteau. La réponse s'étant avérée être 'quasi inexistante', elle ne s'autorise que les gestes les plus infimes. A fortiori car ladite ascension a laissé des séquelles, notamment un long accroc dans sa paire de collants et, cause à effet, trois centimètres carrés de peau gravement engourdis à l'arrière de sa jambe. Encore quarante secondes et elle entre. Advienne que pourra. De potentiels intrus ne peuvent pas être fondamentalement plus dangereux que l'hypothermie. Might as well go out in style. Ça pétarade à l'entrée de la rue déserte et, très dramatiquement, son coeur s'arrête. Nononononononono. Elle ignore à quel moment précis la syllabe cogne suffisamment fort contre ses lèvres pour rouler en dehors mais, quelque part en cours de route, l'incrédulité s'est faite audible. "Nonononono. No. No no. What? No. He called you? Why? No. No. I was expecting Antonio. No." Elle n'est pas responsable de son propre court-circuit mental. Son supposé sauveur l'est sans doute un peu. Le propriétaire de la petite bodega de Northwood l'est certainement beaucoup. Rye a le temps de prononcer une seule phrase et voila qu'elle grogne. Handle it? Il y a encore un an, elle lui aurait probablement accordé le bénéfice du doute (faux). Désormais, il n'y a plus aucun flou à ce sujet : il choisit ses mots expressément pour l'irriter. Pire : ça fonctionne et s'il était humainement possible d'adopter une position plus rigide que ne l'est déjà la sienne, Poppy se crisperait. À défaut, elle se contente de le coiffer au poteau, s'engouffrant dans l'entrée avant lui. Elle tangue passablement mais triomphe néanmoins. Aux dernières nouvelles, c'est encore chez elle et elle préfère mourir réfrigérée plutôt que de le laisser pénétrer en Conquérant dans la maison. Il laisse la porte se claquer derrière eux, tonitruante dans la nuit silencieuse. Elle répond par un "shhhhhh!" outré, suffisamment bruyant pour être un oxymore. Le nez en l'air, espérant candidement renifler le bruit en cas de présence inopportune aux étages, elle ponctue l'injonction d'un coup de poignet punitif contre le torse de Rye qui ne rencontre pas sa cible. Celle-ci s'est déjà glissée dans le séjour et Poppy, inquiète, reste quelques secondes immobile face à la cage d'escalier, bras tendu figé entre elle et rien, étrangement certaine qu'elle va voir un pied se poser lourdement sur la première marche visible descendant du palier. Snap out of it, Bloom. Puisque Rye a déjà mis les voiles, clairement occupé à handle rien du tout, elle se retourne pour examiner la serrure de l'intérieur. Un bruit de pas lui glace les os alors même qu'elle sait qu'il ne s'agit que de lui. Sa voix éraillée parvenant de la pièce adjacente arrache Poppy à son agitation. Bien malgré elle, elle glousse. Rétorque sur le même volume, "Wow. Way to turn a linguist on."  

Prudemment, elle parcourt le rez-de-chaussée. Rien ne paraît avoir bougé de façon flagrante, mais dans la surabondance presque baroque de bibelots et tableaux plus ou moins précieux, et sans oser pousser les interrupteurs, l'état intact est difficile à établir avec certitude. Devant la porte du bureau de son père, où se trouve le coffre-fort, elle pause. La porte est verrouillée, comme elle est toujours supposée l'être en l'absence du patriarche, et la clé se trouve à sa place, dans la rainure d'un cadre, à l'arrière d'une gravure impressionniste. Clé en main, Poppy s'arrête avant de l'introduire dans la serrure, et choisit plutôt de la replacer dans sa cachette. Ignorance is bliss, et s'il manque quoi que ce soit, il faudra impliquer la police. S'il manque quoi que ce soit -ce que l'état général de la maison semble infirmer- il sera toujours temps de le signaler demain. Reposée, sobre et seule. Emmitouflée dans son manteau mais ayant abandonné sa trop sonore paire de talons quelque part dans le couloir, elle s'aventure jusqu'à la véranda, dernière escale avant de vérifier les étages. La cathédrale de verre, sa pièce fétiche en temps normal, est menaçante. De l'autre côté des fenêtres, le jardin a disparu, remplacé par une étouffante opacité nocturne. Le temps de trois inspirations, les ombres se sont rapprochées. Au-dessus du piano, les yeux de Poppy rencontrent une silhouette, et elle a beau savoir qu'il ne s'agit de rien de plus que son reflet, elle doit physiquement ravaler l'envie de crier 'rumbumptious'. Trop rapidement, elle rebrousse chemin. Traverse la maison au pas de course. Dans l'entrée, au lieu de se diriger vers la cage d'escalier comme préalablement décidé, elle vire brusquement vers le foyer et se laisse tomber dans le premier fauteuil à sa portée. "Clear. ish." Nuque et jambes qui dégoulinent des accoudoirs, elle observe la silhouette de Rye, à l'envers, découpée contre le bar. Dans l'obscurité, elle est incapable de dire s'il lui tourne le dos ou lui fait face. À l'endroit où ses bas sont déchirés, le velours du fauteuil gratte. "If you have a drink, you can't get back on that piece of garbage deathtrap out there." Son index se soulève paresseusement pour désigner d'un geste approximatif la direction générale de la rue. "I'll be the last person who's seen you alive and I have motive, so I guess-" Alimentée par le buzz effervescent laissé par le vin mais interrompue par absolument tout le reste, elle s'arrête avant de lui offrir explicitement la chambre d'ami. Get a grip, Bloom. Rien de plus qu'une serrure défectueuse et un courant d'air. Snap. Out. Of. It.


Dernière édition par Poppy Bloom le Ven 11 Jan - 10:55, édité 1 fois
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() sujet: Re: all heat but no warmth. (poppy)    Sam 22 Déc - 4:58


Quand Poppy réapparaît, il a tout juste eu le temps de faire l'inventaire scrupuleux des contenus du bar, de pêcher la bouteille de whisky avec un long soupir de soulagement, et de rédiger une liste mentale du pour et du contre. Qu'il a balayé d'un revers nonchalant aussitôt que l'une des deux colonnes s'est faite tristement plus longue que l'autre. Rye n'a jamais éprouvé la moindre difficulté à imaginer le futur. Le problème, c'est, qu'en ce moment-même, le futur lambine à l'autre bout d'une nuit qui s'obstine à s'éterniser et semble subséquemment secondaire face au maintenant immortel. Plutôt risquer contrarier Rob dans un lendemain insondable qu'affronter la menace affreusement concrète du temps qui s'égoutte mollement sur le parquet ciré. And that is the story of how I drank your special bottle. "Whisky?" Il s'affaire à trouver deux verre lorsque la remarque de Poppy émane de la direction générale du canapé dans un blasé supposément innocent et le force à se figer, main suspendue contre l'étagère. A arquer un sourcil. A peser les mots, les laisser mûrir quelques secondes sur le bout de sa langue. Si ses propres provocations sont souvent calculées, découpées sur mesure pour susciter sa colère - au mieux, mais il sait se contenter d'un agacement piquant, Rye ne peut s'empêcher de penser que les bombes de Poppy sont larguées avec une telle inertie qu'elles ne peuvent pas être totalement délibérées, qu'elle est de naturel studieusement composée pour le faire grincer des dents. L'insulte est si bien ficelée qu'elle se décline trois fois au détour d'une phrase. Dans l'ordre de la calomnie, il y a l'attaque injustifiée à sa bécane, la présomption qu'il est assez stupide pour prendre la route ivre, et, finalement, ce petit impératif qui lui grésille dans le fond de la gorge. Ce que Rye manque en susceptibilité, il compense par un torrent d'impulsivité. Balafré par un défaut de fabrication majeur, il est tout juste assez self-aware pour que la conscience d'être l'architecte de sa propre catastrophe soit implacable. L'indépendance trop enflée pour laisser de place à d'autres coupables potentiels, la fierté trop épineuse pour pouvoir être ravalée. A l'instar d'un foutu gosse de cinq ans, il éprouve un plaisir capiteux à désobéir et rien ne le précipite aussi efficacement à l'action que l'interdiction explicite de le faire. Il passe le nœud autour de son propre cou. Il le sait. Shrug. Il s'impose peu de limites, et il déteste Poppy juste un peu pour son "you can't" insidieux qui le ferait presque reconsidérer les quelques frontières à ne pas franchir en faisant naître l'idée grisante de finir la bouteille tout de suite et de s'en aller pour une virée en moto au clair de lune. Il peut presque déjà sentir le vent polaire mordre son visage. A la place, Rye lui offre ce qu'elle redoute le plus. "Fine. Which side do you sleep on?" Le ton est placide, les syllabes paresseuses. Il les laissent languir sur ses lèvres avant de les regarder s'écraser au sol. Derrière l'apathie, la bravade flotte, supportée par rien du tout, seulement alimentée par la certitude que la seule autre personne à abhorrer l'idée plus que lui, c'est elle. Il débouche le whisky et s'assure de rendre l'acte aussi sonore que physiquement possible. "It makes sense, actually. Would your dad ever forgive me if I let you get murdered in your sleep? Not to mention I'll be the last person who's seen you alive and I have motive, so I guess-" Il s'empare des deux verres et parcoure la longueur du foyer prudemment dans la pénombre. Autour d'eux, la maison demeure profondément endormie, le silence saccadé d'une nuit tiède après une journée éprouvante comme pour prouver l'absence d'intrus sous son toit. Il devine la silhouette de Poppy sur un fauteuil, uniquement éclairée par la maigre lumière du lampadaire extérieur qui s'esquinte à les atteindre. Il pose le verre qui lui est destiné sur la table basse, et profite d'avoir libéré une main de son contenant pour disjoindre les chevilles de l'accoudoir où il vient se percher. "The best alternative is to have a little sleepover, get both murdered and skyrocketing the net value of the house." Le sourire dans sa voix devient phonique, tintement moqueur sous le couvert nocturne, et il est certain qu'elle peut entendre ses commissures s'élever dans un rictus narquois. Il porte le whisky à sa bouche pour étouffer le rire y naissant, mais surtout parce que chaque seconde le rapproche du moment fatidique où elle le mettrait à la porte à coups de verve toute poppiesque. Il y trempe ses lèvres quand du chahut se repend avec fracas depuis l'étage. Indubitablement la rencontre inopinée entre un objet lourd et le sol. Rationnellement, il sait que l'amusement n'est pas la réaction appropriée au constat manifeste qu'il a sous-estimé la menace, mais le timing absolument parfait déforme son visage de raillerie feutrée en ironie retentissante. Il coule un regard en biais à Poppy. "Uh-oh." Aussitôt, il est sur ses pieds. Il s'apprête à poser son verre avant de se réfracter. Il était décidé à savourer la cuvée d'exception, mais doit se contenter d'engloutir le liquide d'un trait sec. Au cas où. Le whisky enfièvre son œsophage et attise ses entrailles. Il lui semble qu'en vouloir aux potentiels cambrioleurs pour ruiner son instant avec son alcool est aussi valable qu'une autre. Il s'en va vers les escaliers.  
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() sujet: Re: all heat but no warmth. (poppy)    Sam 29 Déc - 10:20


La tête et ses contenus tellement effervescents qu'elle pense en entendre les bulles crever la surface, Poppy se voit pourtant dans une vision très nette dresser une paume vers le vide au dessus d'elle et y effacer cérémonieusement les vingt dernières secondes. Si elle trouve le courage pour des mouvements plus amples, les trente minutes qui ont précédé. Jusqu'à retourner face à la nuit silencieuse et la serrure qui flotte dans l'embrasure, cognant contre le chambranle. À l'évidence, et ce malgré l'inconfort qui lui plaque à la nuque, la maison ne contient aucun danger. Le seul réel risque provient de la rencontre entre son ivresse à elle et sa présence à lui. L'animosité n'est pas adoucie par l'alcoolémie tendre, mais aiguisée par le manque de filtre. Tellement affûtée qu'elle en devient cassante. Poppy, toujours relativement directe, est à un verre de whisky de devenir exhaustive. Quelques gouttes à quarante degrés et elle embarque dans une longue énumération des quarante-trois façons et demi dont Rye a ruiné cette famille. Elle est consciente qu'avec son sarcasme parano, elle lui a cordialement tendu le bâton pour se faire battre. Cela n'empêche qu'à la seconde où il répond in kind, Poppy serre les dents. Ça a beau être juste, ce n'est pas fairplay, car c'est chez elle ici, elle est la grande perdante de la dynamique dans laquelle Rye s'est immiscé, sans compter qu'étant indubitablement la plus pudique du duel, elle est toujours celle qui s'empourpre en premier. Pour ça, il devrait la laisser gagner chaque fois. Il devrait courber l'échine. It would be the gentlemanly thing to do. "Someone's getting murdered in their sleep all right." Ça s'extirpe d'entre deux rangées de dents figées, pourtant suffisamment fort pour que ça atteigne Rye, qui fait son chemin vers elle. Poppy relève la tête. Il a deux verres. Elle renâcle. Now the boy has manners? Ce raisonnement s'évanouit à la seconde où il déloge ses jambes de leur emplacement pour se nicher sur l'accoudoir. Au milieu d'une pièce remplie de fauteuils vides. Naturellement. Les pieds de Poppy dégringolent jusqu'au parquet avant qu'elle les replie contre elle. Une marque de brûlure pulse contre sa malléole là où les doigts de Rye ont rencontré l'élasthanne de ses collants. La lésion suffit à éveiller les passions, principalement celle lui dictant d'envoyer son pied aussi fort que possible dans le verre de whisky qui repose dans sa main. Leur configuration présente s'y prête à la perfection. Il lui suffirait de tendre le genou comme un ressort et son talon rencontrerait la paume offerte, envoyant valser son old-fashioned loin dans la pièce. Poppy se livre toute entière à son fantasme de revanche, si proche qu'elle peut y goûter, mais avant d'avoir pu l'exécuter (si tant est qu'elle en aurait eu la témérité), ils sont interrompus par le pire des présages. Rye, plus vertical et surtout bien plus alerte, est debout avant elle, se précipitant vers le hall. Elle est sur ses talons, le cœur qui bat dans la gorge. Laissant son élan la faire glisser sur le parquet, elle rattrape Rye juste en bas de la cage d'escalier. Sur le coup du réflexe, elle saisit son bras à deux mains et le tire si fort vers elle qu'elle est relativement certaine de lui avoir démis l'épaule. Hors de question qu'il s'élance, tout chevaleresque qu'il pense être, à la rencontre des intrus. "Are you mad?" Le stage whisper est rendu tressaillant par l'heure, l'alcool et la crainte. Il n'en est pas moins trempé dans l'acier. La progéniture est aussi autoritaire que le patriarche, et puisque Rye sait se montrer déférent envers le second, la logique voudrait qu'il en fasse de même envers la première. "Be suicidal on your own time." Il fait trop sombre pour que le regard noir de Poppy atteigne sa cible avec toute la force dont il est chargé, mais n'est-ce pas l'intention qui compte ? "I'm calling the police." L'aplomb de son murmure n'est pas même entaché par la réalisation, deux secondes plus tard, que son téléphone se trouve à l'intérieur de son sac qui, quant à lui, se trouve là où elle l'a laissé, c'est-à-dire n'importe où au rez-de-chaussée sauf dans son champ de vision effectif. Elle change son fusil d'épaule. "Call the police." Sur ce, elle lâche la manche de Rye autour de laquelle ses mains se sont verrouillées, et jette un regard rapide derrière son épaule. À quelques mètres d'eux se trouve le porte-manteau tentaculaire. Poppy se saisit d'un parapluie, le plus pointu du lot, et se fraie un chemin silencieux sur les marches. Elle ignore ce qu'elle espère accomplir exactement avec son arme de fortune mais il est hors de question de s'arrêter pour y réfléchir. Forte de sa douce ébriété et de l'inépuisable esprit de compétitivité entre eux, si quelqu'un doit très honorablement risquer sa peau pour sauver les perles d'Isobel, ce sera elle.  
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