· quoi que je fasse, Où que je sois, Rien ne t'efface, Je pense à toi.
T’es postée derrière ce bar, une nouvelle journée au boulot qui commence. T’as conscience que ce n’est pas le métier le plus reluisant qui existe mais toi, t’aimes ce que tu fais. T’aimes voir du monde. Le silence, c’est l’ennui. Ici, le silence n’a pas sa place, encore moins l’ennui et c’est justement ce que tu apprécies. Du silence, t’en as suffisamment le soir dans ton lit. T’en as aussi assez lorsque tu te retrouves à bosser tes cours pendant des heures parce que tu n’es pas qu’une barmaid. Bref, le silence, t’as ta dose au quotidien alors quand t’es ici, t’es bien contente qu’il n’existe pas. Tu parles avec tes collègues, avec tes clients, avec ton patron et les heures défilent à une vitesse folle. Si bien que t’es toujours étonnée quand tu vois que la fin de ton service approche à grands pas. Pour l’instant, ce n’est pas le cas. Il te reste deux bonnes heures de travail devant toi. En vérité, ce n’est pas grand-chose surtout que t’es en pleine discussion avec un client habituel. Vous deux, vous avez la sale habitude de vous lancer dans des débats interminables, à croire que vous n’êtes pas fait pour tomber d’accord. Ce n’est jamais arrivé, pas même une fois mais pourtant, tu persistes à lui parler parce qu’au fond, ça t’amuses de le contredire. T’es une chieuse, Jordyn. T’aimes agacer les autres, ça te fais marrer. Le sourire, tu le perds vite quand tu le vois entrer dans la brasserie. Carter est là. Pourtant, Carter n’est jamais là. Depuis votre rupture, jamais il n’a remis les pieds ici ou alors, il l’a fait quand tu n’étais pas de service. Le revoir, à chaque fois, ça te met mal. Mal et mal à l’aise. Pourtant, tu sais que dans une petite ville comme Bloominburg, tu ne peux pas éviter quelqu’un très longtemps. Cependant, ici, c’est censé être ton refuge, l’endroit où t’es certaine de ne jamais le voir. Enfin, c’est ce que tu croyais. Il faut croire que tu t’es trompée. Jo, tu m’écoutes ? Non, tu ne l’écoutes plus ce client. T’as même oublié ce dont vous parliez. Pourtant, tu te forces à lâcher Carter du regard pour te concentrer de nouveau – ou plutôt, essayer – sur ton interlocuteur. Si tu continues à le fixer de la sorte, il va forcément le remarquer or la meilleure chose à faire pour toi, c’est d’agir normalement. Tout va bien, tu vas bien. Un client à l’autre bout du bar t’interpelle pour une autre tournée. L’échappatoire parfait, le travail, concentres-toi sur ton travail, Jordyn.

@Carter Ross