| J’étais prête à tourner la page,
mais c’est la page qui ne veut pas se tourner.

S’il y a bien une chose que Pam détestait faire au bed and breakfast, ce sont les tâches ménagères. Et même si la cadette de la fratrie le faisant souvent, la jolie blonde rechignait souvent à s’en occuper. Ce n’était pas son truc, peu importe qu’il y ait des choses à traîné partout dans sa chambre, elle s’en fiche pas mal, elle ne voit pas l’intérêt de ranger car elle se retrouve parfaitement dans son bazar. Pourtant, Pam tenait vraiment à ce que le b&b marche, elle détenait cet héritage de sa grand-mère et elle comptait bien lui faire honneur à défaut d’avoir passé du temps avec elle ces dernières années. Elle n’en avait parlé à personne mais elle se sentait coupable d’être partie à la recherche du fantôme de son père sans prendre en considération les personnes pour qui elle comptait vraiment. Alors qu’elle sortait difficilement la couette de sa voiture, Pam se dirigeait vers la laverie automatique. Difficile de jongler avec toutes les draps et les deux machines déjà présentes dans l’établissement, sa soeur aîné l’avait envoyé à la laverie pour nettoyer une couette d’une des chambres. Heureusement pour elle, dans une ville comme Bloominburg, il était rare de voir beaucoup de monde à la laverie. Les maisons étaient souvent grandes et pouvaient facilement accueillir des machines à laver au contraire d’un appartement sur la 142ème avenue à New-York par exemple. Pam rentra dans la laverie en se dirigeant vers une des machines sans faire attention au monde qui l’entourait et mis difficilement l’énorme couette à travers le hublot. Tandis qu’elle rabattait l’objet en coton dans le tambour, une petite fille tira à nouveau sur la couette en rigolant. Elle eu à peine le temps de se retourner qu’elle la vit rigoler. Elle voulait lui faire une remarque mais elle ne pu s’empêcher de sourire face à ce regard angélique et plein d’innocence. Au loin elle entendit un homme demander à la petite fille de laisser la dame tranquille et au moment ou Pam releva la tête, elle se rendit compte qu’il s’agissait de … Samuel. L’homme qu’elle avait tenté d’éviter tout ce temps depuis son retour à Bloominburg, bien trop mal à l’aise à l’idée de lui avoir fait faux-bond de cette façon. Elle fit un rapide aller-retour, surprise de voir que Samuel parlait à cette petite fille, qui était-elle ? Elle s’en souviendrait si le trentenaire lui avait dit avoir un enfant. Face à cette découverte, Pam resta sans voix devant l’homme qu’elle avait abandonné il y a un peu plus d’un an. Elle se dit tout de même qu’elle devait dire quelque chose, n’importe quoi. — Salut … balbutia-t-elle devant le trentenaire, affreusement honteuse. Préférant ne pas savoir ce que Sam pensait d’elle, Pam avait préféré l’éviter jusqu’à maintenant mais il faut croire que la rencontre était inévitable.

Pam resta plantée là, devant la petite fille, elle tentait de trouver une correspondance avec Sam mais ils ne se ressemblaient pas le moindre du monde mis à part la couleur des cheveux. Qu’avait-elle loupé ? Elle avait beau essayer de se remémorer les soirées confidences sous la couette avec le trentenaire, elle se serait souvenue s’il lui avait évoqué un quelconque enfant. Le jeune homme daigna enfin dire quelque chose, insinuant qu’il ne savait pas qu’elle était de retour en ville, elle avait du mal à y croire. Bloominburg est une petite ville et ici tout se sait. Peu importe, apparemment lui non plus n’avait pas forcément envie d’une confrontation ou alors avec cette petite tête blonde il avait sûrement d’autres chats à fouetter. Parfois Pam se demandait ce qu’il en serait advenu de leur « pseudo-relation » estivale, si elle n’était pas repartie en vadrouille dans l’espoir de retrouver son père. Sam est un mec bien et c’était peut-être justement là le problème pour la jolie blonde, les mecs bien, elle les fuyait comme la peste. Un psy dirait sûrement qu’il s’agit d’un complexe oedipien mais elle préférait se dire qu’elle n’était tout simplement pas prête à se poser avec quelqu’un. — Je suis revenue il y a quelques semaines répondit-elle, elle préféra dire quelques semaines car ça passait mieux que quelques mois. Elle savait qu’elle aurait dû avoir la bonté de lui offrir des explications à son retour mais elle n’en avait pas eu le courage. Elle préféra éviter le mélodrame en parlant de la mort de sa grand-mère, elle n’est pas du genre à se confier aussi facilement sur sa vie privée. — Je bosse au b&b dit-elle en montrant la direction derrière elle. La jolie blonde laissait ainsi sous-entendre qu’elle était revenue pour de bon bon. — On dirait qu’il s’est passé pas mal de choses en un an dit-elle un sourire en coin en désignant la petite fille du regard. Elle était curieuse de connaître le fin mot de cette histoire mais si Sam n’était pas enclin à une conversation - ce qu’elle pouvait comprendre au vu de ce qu’elle avait fait, elle le laisserait tranquille et retournerait à se débattre avec la machine à laver et la couette.