poings amers (asma)

poings amers

y a les journées calmes et belles de la ville, et y a les soirs noirs et pas fréquentables. toi, on te voit généralement plus dans les soirées, dans les nuits ténébreuses, dans ces ruelles étroites ou larges, qui t'accueillent à bras ouverts, comme elles l'ont toujours fait. il fait pas chaud, mais t'es quand même torse nu face au monde, torse nu face à ce type qui veut ta peau, comme tu veux la sienne. les ecchymoses qui s'accrochent à ton visage, doucement, te font perdre la tête, tout comme la non-présence d'asma ta reine. asma, la lumière de ta sale vie, de tes nuits froides, elle est pas là, et pourtant, c'est pas son truc de louper tes bastons. alors que tu la cherches, y a ce poing trop dur, qui s'écrase sur ton visage, pourtant si doux auparavant. comètes sous les yeux, sang sur tes lèvres, t'as perdu le combat mais pas le sourire quand tu vois asma débarquer. y a pas de mots pour la décrire, simplement des maux que tu ne comprends pas. comme si tu pouvais pas lui offrir tout le bonheur dont elle a besoin, asma, tu lui dis trop souvent de dégager méchamment et après, t'es ce pauvre gars qui la pleure. assis contre un mur, la tête qui vacille dans les étoiles, y a la tienne qui vient vers toi. t'es en retard. t'as la tête désinvolte et le regard mauvais, parce que t'aimes pas qu'elle te fasse faux bond, sauf quand c'est toi qui le décide. t'aimes pas qu'elle t'oublie, tu la veux pour toi, entièrement sans vraiment la vouloir. idées partagées, cerveau qui fume, coeur en ébullition, tu sais plus quoi faire quand y a ses yeux qui se posent sur toi. comme un de tes nombreux démon, asma qui te hante. t'étais où, tu faisais quoi de plus important que d'venir voir deux connards se battre en duel ? t'es à moitié sérieux, à moitié triste, mais t'aimes quand même bien ce truc qui te fait gagner de l'argent facilement, quand tu gagnes. alors y a tes yeux qui regardent ceux d'asma, et tu pries pour pas qu'elle te jette ce soir, t'as trop besoin d'elle et de ses mains froides, qui jusque là ne t'ont jamais déçues.

poings amers.

journée terminée depuis un moment déjà. deux heures, au moins. deux heures de perdues. à errer en ville. rapide entrevue avec une amie. et la revoilà dans les rues, sans but. sans vie. sourcils légèrement froncés alors qu'elle est clairement perdue dans ses pensées. le bruit de ses pas comme seul son résonnant dans certaines rues. bruit régulier. et asma, après avoir jeter un coup d'oeil à l'heure indiquée sur sa montre, elle imagine les coups rageurs qui sont actuellement balancés à la volée. ceux de lil. ceux de l'autre, aussi. et asma, elle imagine déjà la peau se teinter d'un nouvel arc-en-ciel. nouvelle palette de couleur sur l'épiderme de lil. nouveau fleuve rouge sang, partant de son nez ou de son arcade. elle imagine, parce qu'elle ne peut pas voir. pas pour le moment du moins. l'indécision quant au reste de sa soirée. parce qu'elle se souvient la gamine, de la dernière fois qu'elle l'a aidé. de la dernière fois qu'il l'a jeté. repoussé sans vergogne. sans pincettes. en y repensant, ça se sert un peu dans sa poitrine et y'a ses sourcils qui s'froncent un peu plus. coup à la fierté. directement à la fierté. mains dans les poches, elle relève les yeux et reconnait l'endroit. bien trop facilement. les ruelles pourries. l'bruit des pas qui s'éloignent. pas vraiment l'envie d'être ici. pas vraiment l'envie d'être ailleurs non plus. elle s'retrouve là. là où il s'trouve forcément. un pas. puis un autre. et le voilà. la gueule en sang. la peau marquée. l'cul au sol. soirée typique après une défaite. après qu'il se soit fais dérouillé. et asma, elle s'dit que finalement, elle arrive presque au bon moment. presque. parce qu'il trouve l'moyen de s'plaindre quand elle approche. quand elle se décide enfin sur la tournure de sa soirée. quand elle décide d'oublier l'passé. ce qu'il s'est passé y'a quelques jours seulement. j'suis pile à l'heure. asma, elle ignore son regard mauvais. fait comme si de rien était. elle s'accroupit simplement à ses côtés. tout en lui faisant plus ou moins face. une main qu'elle lève pour venir saisir doucement le bas de son visage. prise qui lui permet d'incliner la tête de lil à sa guise. évaluer les dégâts. évaluer c'qu'elle a raté. ce qu'il s'est mangé, surtout. sourcils qui se froncent. se défroncent. tout dépend de l'endroit où s'posent ses yeux. simple haussement d'épaules comme réponse à sa question. ce qu'elle faisait ? rien d'intéressant. rien d'mieux que de venir voir ces fameux deux connards se battre en duel. tu t'es pris une sacrée dérouillé, hein ? ça pourrait être moqueur, mais l'ton n'y est pas. c'est une simple question. question qui sous-entend évidement un certain compte rendu du combat. sa main quitte la peau chaude et humide de lil alors qu'elle se redresse. le regard qui vient enfin s'encrer dans le sien. tu peux te lever ? l'ton est doux. sûrement un peu trop. un peu trop pour lui. lui qui ne mérite clairement pas ça. qui ne la mérite sûrement même pas. mais asma, elle s'fout de ça. de tout ça. parce que dans sa tête, y'a son prénom qui résonne doucement. comme une chanson entêtante. y'a son visage qui revient, comme un mauvais souvenir. et y'a la certitude qu'il la mérite, autant qu'elle le mérite. pensées qui n'tournent sûrement pas ronds.

y a ta tête qui chauffe, tes bleus qui rougissent sur ta peau, quand t'es assis là, par terre. tu t'es fait mettre au sol par l'autre bagarreur, tu l'as mauvaise, mais tu peux pas gagner tout le temps. ce soir, t'auras pas d'argent. ce soir, tu rentreras les mains vides, les poches sans rien dedans. t'oublies le mal quand y a asma qui débarque à nouveau dans ta vie. tu te souviens des derniers mots dit, et ils étaient moches, ils venaient de ta part. tu lui as encore dit de fuir, dégager parce que t'en vaut pas la peine, avec tes ambitions à la con de devenir un rappeur connu avec tes potes. puis t'es qu'un pauvre gars qui se bat, parce qu'il a trop de rage en lui. t'essayes de résister ce soir, mais bordel, elle est belle, asma. ses cheveux doré et ses yeux sombres, y a rien de plus beau sur cette terre farouche. asma qui te répond, avec cet air de rien à faire, elle s'accroupit simplement près de toi, pour que tu puisses mieux sentir son parfum, un truc sucré et mielleux qui te donne envie de bouffer son cou. t'as mal partout, mais comme si elle était la solution à tout tes problèmes, t'en oublierais presque la douleur, parce qu'elle est là, et ça vaut toutes les souffrances du monde, sa présence. asma qui te manipule à sa guise d'une main sous ton menton, t'as oublié de te rebeller, et tu te laisses faire, fermant les yeux pour mieux oublier que t'as pris une raclée ce soir. tu ouvres les yeux à sa question, grimaces quand bien même ça te fait mal. tu hausses les épaules, tu sais qu'elle se moque pas de toi, mais faut bien avouer qu'à la vue de ton visage, de tes hématomes sur ton torse, t'as pris. ouais, faut croire. mais putain j'le démonterai la prochaine fois ce fils de pute. rage trop grande, t'as des envies de tuer quand tu gagnes pas. t'as le regard mauvais en direction du gagnant de ce soir, qui te dévisage lui aussi, certainement jaloux qu'une fille comme asma s'occupe d'un pauvre type comme toi. y a son regard qui vient se planter dans le tien, t'es comme aspiré dans un truc incompréhensible, un truc que t'arrives pas à combattre aussi, pourtant, tu te débats, à l'intérieur, mais ça veut pas te lâcher. alors tu tournes le regard, comme un lâche. à sa question, tu mets pas longtemps avant de te lever, mais t'as mal, sauf que tu dis pas, t'encaisses, comme t'as toujours fait. j'ai juste perdu un combat, j'suis pas handicapé, asma. t'es nonchalant, t'as toujours cette sale manie de mal lui parler, pourtant, elle veut que ton bien ce soir. tu sais qu'elle est là pour toi, et t'es toujours le même abruti, qui fait tout foirer. t'hésites à t'excuser, mais c'est pas ton genre. et puis, si elle part, ça sera qu'une fois de plus. mais ce soir, pas sûr qu'elle fuit, parce que t'as l'impression qu'il y a des choses à dire, des choses à faire.

poings amers.

le froid qui glace la peau. qui glace les os. la fraicheur de la nuit qui s'installe progressivement. le soleil qui décline et la lune qui prend place. les lampadaires comme principal éclairage. perdue dans ses pensées. elle est loin, asma. trop loin pour l'commun des âmes qu'elle croise. mais elle redescend. d'un coup. quand ses pieds la mène là où la lumière ne parvient plus. là où l'obscurité est reine. là où personne ne veut être clairement vu. on préfère les silhouettes. elle arrive sans vraiment s'en rendre compte. et s'arrête en s'rendant compte de là où elle est. elle s'mange la réalité. n'a même pas le temps de se s'retourner et de s'éloigner, que son regard chute sur un corps, appuyé contre le mur. corps installé au sol. elle le reconnait, asma. elle le reconnaîtrait même de dos dans l'noir le plus total. alors elle s'approche. parce que c'est naturel. parce qu'elle peut pas lutter contre c'truc. c'est viscéral. elle peut pas l'laisser là. la gueule en sang, la peau colorée. les bleus qui se mêlent au sang. ou peut-être que c'est l'sang qui se mêle aux bleus. elle sait pas asma. elle connait pas l'ordre. elle était pas là. et elle le regrette. maintenant. juste maintenant. alors elle s'installe. reprend son rôle. l'infirmière sans uniforme. sans formation. contact qu'elle initie. ses doigts sur son visage. contre son menton. juste de quoi évaluer les dégâts. rapide regard. les plaies situées. et asma, elle sait grossièrement ce qu'elle a loupé. une putain de dérouillée. il a prit cher lil. il ne le nie même pas d'ailleurs. on verra bien. pour l'instant faut essayer de limiter les dégâts. sa main qui quitte sa peau. asma, elle est comme coupée du monde. concentrée sur lil. juste sur lil. et c'est ça le problème. c'est que quand il est là, dans l'coin, asma, elle ne peut pas s'concentrer sur autre chose. comme aspirée. comme happée par son aura, ou une connerie du genre. alors asma, elle fait pas attention au gars derrière eux. elle remarque l'regard mauvais porté derrière elle. mais c'regard, c'est un peu celui qu'il a bien trop souvent. celui qu'elle finit par classer comme étant l'sien. le vrai. le banal. celui qu'il arbore de jour comme de nuit. alors la gamine, elle se redresse et lui demande s'il peut faire de même. question bête. parce qu'elle sait qu'même comateux, il essaiera de se relever seul. qu'même comateux, il l'enverrai chier. asma, elle encaisse. comme souvent. roule des yeux alors qu'il se lève. mains dans les poches de nouveau. elle l'observe. simplement. silencieusement pendant un petit temps. avant d'prendre parole. t'as de quoi t'soigner chez toi ? question utile. savoir où aller à la sortie de la ruelle. savoir s'il faut aller chez elle pour avoir le nécessaire. et c'est uniquement maintenant qu'elle fait face au reste du monde. aux quelques personnes restant. y'a un gars avec le visage amoché, lui aussi. pas vraiment compliqué de savoir que c'est lui, le fameux fils de pute, que lil espère pouvoir défoncer la prochaine fois. le visage neutre quand elle observe l'autre. quand elle analyse les dégâts que les coups de lil ont causés. et elle reporte finalement toute son attention sur le jeune homme à ses côtés. tu lui as bien défoncé le nez au moins. les épaules qu'elle hausse, doucement. comme pour remonter un peu l'moral de lil. comme pour lui dire qu'il n'a pas été totalement nul. même si elle n'a rien vu. même si elle n'était pas là et qu'ce type peut avoir le nez déjà à moitié défoncé de base. elle essaie la gamine. c'est un peu maladroit, sûrement. mais elle s'en tape asma. parce qu'elle le pense vraiment.

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» prends cette putain de vie comme un jeu je suis encore une môme. (asma)