Je n’entends rien. Même pas la nuit et les bruits nocturnes qui m’entourent, ni le feuillage du buisson qui s’agite. Tout un tas de choses qui pourraient m’effrayer mais en vain. Ni l’ombre du gros chat du coin ne me surprend, ni même la seule voiture que je croise durant ce trajet. Tout ça, ce n’est qu’une question d’habitude. Errer dans la nuit, seule la lumière des lampadaires pour m’éclairer.  C’est une nuit banale, une balade de plus. Je ne compte plus, parce que c’est le seul moyen pour m’épuiser un minimum, moi, le type qui n’a quasi pas besoin de dormir. Les insomnies, quelle terrible histoire. Les arbres s’agitent en même temps que les notes de musique résonnent dans ma tête. Là, coupé de toute agitation, je me sens bien. Le seul moment durant lequel j’aime réellement sortir. Mais vient le temps où notre petite baraque se dessine devant moi, et le temps de rentrer. J’ai fait le tour du quartier, j’ai fait « mon petit tour ». Je pousse la porte d’entrée, les écouteurs encore dans les oreilles. Je ne remarque pas tout de suite qu’il y a de la lumière et que donc, Jordyn est rentrée. Ce n’est qu’en me tournant que je croise son regard, coupant alors la musique sur mon vieux portable. Ah, t’es rentrée. Ce qui est drôle, c’est que Jordyn, elle, elle rentre du boulot. Elle a terminé sa journée, ou sa nuit. Et moi, je me prépare à entamer la mienne. Tu vas bien ? Je me déchausse, me débarrasse de ma vieille veste en jean récupérée dans une friperie. Et le canapé devient mon refuge, là où je soupire lorsque je m’affale. Peut-être que j’arriverais à trouver le sommeil d’ici peu, ou alors, mes démons continueront de me dévorer lentement.

@jordyn goldstein