plus les jours passent, plus j'ai l'impression d'être dans l'impasse. je n'y arrive plus. j'ai beau me retourner le cerveau, je sais pas comment je vais faire. je suis majeure maintenant et je dois saisir ma chance. je dois mettre tout en oeuvre pour pouvoir le retrouver. retrouver ce frère qui m'a été arraché, il y a bien longtemps maintenant. j'ai beau essayer de positiver, j'ai l'impression que personne ne peut m'aider et surtout, ne veut m'aider. faudrait-il déjà que je parle; mais j'ai pas envie d'étaler ma vie, mes sentiments, mes peurs et mes craintes. je préfère me taire et passer pour une dure, une sans coeur. sans cesse recalée partout où je postule pour ma nonchalance. je hurle. puis, je pousse la porte de ce bar où je viens boire des coups de temps à autres. j'ai décidé d'être aimable aujourd'hui... il le faut. j'inspire longuement et essaye de me détendre, puis je m'avance d'un pas lent vers le comptoir où j'aperçois le patron. je le connais que de vue.. quand je viens avec mes copines, je l'observe de loin, souvent. sans jamais oser vraiment l’accoster. parce qu'il a surement bien plus de chats à fouetter que de parler avec moi. je suis là, devant lui, je me racle la gorge et pose ce papier qui m'a souvent été renvoyé depuis quelques mois - b'soir... voici mon cv. - j'ai oublié mon sourire, merde. je m'en rend compte alors j'en affiche un... qui sonne tellement faux que j'aurais mieux fais de ne pas le faire... - j'ai vu que vous recherchez... alors, j'tente. - ouais bon.. je donne pas envie là comme ça, mais bon. j'arrive pas à faire semblant. en ce moment c'est pas la joie et j'ai du mal à prétendre le contraire. sans pour autant vouloir en dévoiler les raisons. - j'ai déjà bossé en tant que serveuse quelques jours. enfin bref, je vous laisse voir... - grr, quelle nulle. je roule des yeux, soupire et fais demi-tour, prête à aller loin, très loin et me cacher.