· my make-up may be flaking but my smile still stays on. w/@robbie howard

Citation :

je t'invite à dîner ce soir. j'espère que tu n'as rien de prévu. sinon, tu devras annuler. j'suis en ville.
monroe.

s'il y a bien un howard que tu ne redoutes pas de croiser, c'est robbie. les habitants de bloominburg seront bientôt tous au courant de ton retour. tj y comprit. alors, tu dois te rendre à l'évidence. rester enfermée chez toi, ou chez tes parents ne servira à rien. sortir, voir du monde, retrouver tes vieilles connaissances. reprendre une vie normale. tu sais que tu vas avoir besoin d'eux. tu sais que les prochaines semaines ne seront pas faciles. affronter la maladie, la mort. faire figure de force. alors qu'en réalité, tu n'es pas préparée à ça. il y a sept ans, tu as quitté ta ville natale. sans te retourner. sans penser y revenir un jour. juste pour une peine de coeur, que certains diront. juste parce que tu as été détruite. si tu n'as jamais compris pourquoi robbie a persévéré à t'appeler malgré ces sept années d'absence. des messages, des coups de téléphone. une amitié devenue virtuelle. mais un prénom à ne jamais prononcer. il y a ces années qui vous séparent. et pourtant, ce lien qui vous uni. sans que tu puisses l'expliquer. sans que tu ais besoin de le faire. c'en est presque devenu naturel, il faut bien l'avouer.
te voilà de retour depuis plusieurs jours. et tu prends finalement ton courage à deux mains. un message, pas une proposition. tu sais que robbie prendra ses dispositions. et surtout, tu sais qu'il sera étonné de te savoir ici. ce n'est un secret pour personne -et sûrement pas pour lui. si tu as pris aussi rapidement la fuite de bloominburg, c'est parce que tu ne supportais pas de vivre dans la même ville que tj. tu ne supportais pas l'idée de pouvoir le croiser sans avoir le droit de le toucher. une rupture, coeur brisé. et pourtant, même si les blessures n'ont toujours pas été pansées ; tu es là.
assise sur un des canapés du sesame grill. tu patientes, nerveuse. le regard rivé sur la porte d'entrée. tes doigts qui joue avec la carte. un sourire qui étire finalement tes lippes lorsque le howard fait irruption dans la pièce. un signe de la main pour indiquer ta présence. tu te lèves finalement pour être à sa hauteur et le prendre dans tes bras brièvement. j'suis contente de te voir. sept ans, c'est long. et ça change les gens. pourtant, même si tu constates quelques rides sur le visage de robbie ; tu as l'impression que votre dernière rencontre était hier. j'espère que tes plans pour ce soir n'étaient pas trop importants. sourire innocent, léger battement de cils pour te faire pardonner. tu reprends finalement ta place sur la petite banquette.

Le message lui arrachait un air surpris. Ce n’était pas l’expéditeur qui l’étonnait, mais bien le contenu. De temps à autres, en remplissant un dossier ou en attendant son café, ses pensées volaient vers elle. Alors, une fois retourné à son bureau, ses doigts s’empressaient de taper un message pour prendre de ses nouvelles. Monroe, celle qui était partie sept ans plus tôt. Ils ne se connaissaient pas plus que ça à l’époque, ils s’étaient simplement rencontrés par le biais de TJ. Rien de plus au départ, et au final, il s’inquiétait de son bien-être, comme s’il la connaissait depuis des lustres. C’était parce qu’il avait vu certains signes, Robbie. Après tout, il n’était pas enquêteur pour rien. Il se doutait qu’elle n’était pas partie seule, mais n’en avait jamais parlé, ne voulant pas la mettre mal à l’aise ou quoi que ce soit. Si elle n’avait parlé de sa grossesse à personne, c’était qu’elle avait ses raisons et Robbie s’était juré de les respecter. Un secret gardé précieusement, sans même qu’elle le sache. La voir partir seule lui avait arraché un pincement au cœur, mais jamais il n’avait imaginé recroiser son visage dans les parages.
Un léger sourire étirait ses lèvres alors qu’il verrouillait son téléphone, faisant disparaitre le message derrière un écran noir. Sans attendre une seconde, il se levait, fourrait son téléphone au fond de sa poche et attrapait sa veste avant de se diriger vers la sortie.

Il poussait les portes du Sesame Grill avant de balayer la salle de son regard bleu. Elle était juste un peu plus loin, la main en l’air pour attirer son attention. Avant même de pouvoir prononcer quoi que ce soit, elle le prenait dans ses bras, le temps de quelques secondes. « Moi aussi. » répondait-il simplement en laissant son regard glisser sur les traits de son visage. Elle n’avait pas vraiment changée. Une sensation étrange, comme l’impression de se retrouver face à une presque inconnue et une amie de longue date à la fois. « Tu rigoles ? Grâce à toi, j’échappe à la paperasse. » Il en faisait des tonnes, alors qu’aucun grognement ne traversait ses lèvres lorsque l’on déposait la pile de papiers sur son bureau. Ses jours et ses nuits étaient consacrées au poste de police, il n’était pas rare de le voir se servir son dixième café de la nuit ou même de l’apercevoir enroulé dans sa veste, endormi sur le canapé de la salle de pause. Certains en arrivent même pas à penser qu’il y vit. Avant de s’asseoir, il attirait l’attention d’un serveur. En attendant que ce dernier arrive, il plongeait son regard dans celui de la jeune femme avant de souffler : « Je ne pensais pas te revoir dans le coin un jour… ».

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sept ans que tu avais quitté la ville. et pourtant, tu as l'impression que c'était hier. hier que tu venais dîner ici avec tes amis ou tes parents. hier que tu errais dans les rues de bloominburg. au fond, rien n'a réellement changé ici. tu as déjà pu le constater. les mêmes silhouettes aux traits tirés. certains promenant une poussette qu'ils n'avaient pas à l'époque. d'autres ayant une alliance à leur annuaire. tu es du genre observatrice. tu es du genre à tout savoir sans réellement connaître les personnes. sans réellement leur adresser la parole. tu détailles, tu analyses. message surprenant envoyé. personne ne s'y attendait, à ton retour. pas même tes parents. pas même blake. et encore moins robbie. des états d'âme partagés. il n'était qu'un inconnu lorsque tu as quitté la ville. aujourd'hui, il est devenu un ami.

sensation étrange. te retrouver face à robbie alors que votre amitié n'est que fictive. à l'époque, il n'était que le frère de tj. l'aîné que tu côtoyais parfois. celui bien plus âgé que toi. sans point en commun. sans atomes crochus. il était là. il était le frère. simplement ça. tu te souviens lui avoir demandé son numéro pour organiser un anniversaire surprise à tj. tu pensais ne jamais réutiliser ce contact de ta vie. et pourtant, le premier message reçu il y a sept ans t'a presque paru naturel. puis il y a eu les suivants. relation timide. sans grande confidence, certes. mais forte. enfin, c'est l'impression que tu en as. et finalement, les doutes s'effacent. lorsque tu viens le prendre dans tes bras. étreinte sincère. il y a ce truc étrange. cette sensation d'inconnu alors que tu pourrais te mettre à nue. il en sait beaucoup, robbie. il te connait presque trop bien. j'suis ravie de te faire un peu sortir de ton bureau alors. léger rire qui s'échappe d'entre tes lippes. il est du genre à vivre pour son travail, robbie. tu connais bien ça. tu t'es réfugiée dans le tien pour éviter de trop penser. et si tu n'as pas de bureau où t'enfermer, tu as entassé une tonne de contrats dans tes valises pour t'en sortir. un sérieux point en commun. je ne pensais pas revenir un jour. sourire timide alors que ton regard se plonge dans ses iris bleues. mais je n'ai pas eu le choix. ma mère est malade. j'dois les aider, elle et mon père. le déni. tu as encore du mal à t'avouer la vérité. elle est plus que malade, ta mère. elle est bientôt morte. et même si tu les as, eux aussi, abandonné en quittant la ville ; tu n'en restes pas moins leur fille unique. sept années à se voir rarement. ils sont venus, tes parents. et maintenant, c'était à toi de faire cet effort. un cancer généralisé. tu murmures, regard fuyant.

Il ne l’avait jamais vraiment connue, Monroe. Ils s’étaient croisés à diverses occasions par le biais de TJ, mais sans vraiment entrer dans les détails de la vie l’un de l’autre. Même si les relations qu’il entretenait avec son frère étaient tendues la plupart du temps, Robbie s’était bien rendu compte que la jeune femme comptait pour lui. Et ce n’était pas rien, connaissant son cadet. Cette accolade et sa présence en face de lui était donc étrange. Ils ne se connaissaient qu’à travers des mails et des sms qui n’allaient jamais plus loin que le « comment ça va en ce moment ? ». Pourtant, ils se retrouvaient dans ce restaurant, comme s’ils connaissaient depuis toujours, comme s’ils l’avaient déjà fait. Il souriait à sa remarque. Si ce n’était pas pour elle, il aurait sûrement refusé de lâcher sa paperasse. Il serait resté au poste jusqu’à ce qu’il soit vide, comme d’habitude. Il attrapait le menu avant de reporter son regard sur la jeune femme. « C’est moi qui invite. » soufflait-il avant de donner sa commande au serveur. Son regard glissait sur le visage de la jeune femme. En sept ans, ces traits n’avaient pas vraiment changé, même si son air paraissait épuisé et quelque peu triste. Il baissait les yeux sur ses mains en l’écoutant attentivement. Il ne pensait pas la revoir ici un jour non plus. Même si les raisons de son départ restaient floues, il savait que quelque chose s’était passé entre elle et TJ. Rien qui ne le regardait et c’était la raison pour laquelle il n’avait jamais demandé d’explication à son frère. Et encore moins à Monroe. Peut-être était-ce le ventre de la jeune femme qui commençait à s’arrondir qui les a éloignés. Robbie n’avait jamais soufflé mot à propos de ça. Il savait, mais il n’avait rien dit. Pour avoir vécu avec une femme enceinte, il savait reconnaitre les signes désormais. « Hm. TJ sait que tu es de retour ? » demandait-il en fixant son regard sur le verre posé entre ses mains, l’esprit encore en train de tourner. Il secouait doucement la tête de gauche à droite avant de relever les yeux vers elle. Il ne pouvait que comprendre ce qu’elle traversait. Le schéma ne ressemblait que trop bien à ce que les Howard avait traversé, il y a quelques années, quand le cancer a emporté leur paternel. « Je suis désolé d’entendre ça… » Il déposait lentement sa main sur la sienne, cherchant son regard. « Si tu as besoin de quoi que ce soit… » Il retirait sa main quand le serveur revenait à leur table avec leurs commandes. Il tentait de chasser la pitié de son regard. Il en avait horreur quand son père était malade, il ne voulait pas qu’elle subisse la même chose.

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comment cela était arrivé ? de quelle manière cette amitié était née ? une amitié timide. quelque chose qui ne s'explique pas. robbie. il est un des premiers à te savoir de retour. un des premiers à qui tu oses avouer à voix haute tes raisons. comment est-ce que tu en étais arrivée là ? aucune idée. au fond, peut-être que tu t'es accrochée à lui. au fond, peut-être que tu as continué à lui répondre, à lui envoyer des mails ou des messages simplement pour rester pas si loin que ça de tj. tj. un prénom que vous n'avez jamais prononcé en sept années. tabou. trop douloureux. tu as l'impression que robbie sait tout. tu as l'impression qu'il te connait par coeur. alors qu'en réalité, vous n'échangez que quelques banalités. prendre des nouvelles l'un de l'autre sans jamais entrer dans les détails. seulement quelques fois. mais rarement. la plupart du temps, tu lui faisais profiter des photographies que tu prenais. monroe à la conquête du monde. monroe qui découvrait. un bonjour de cuba. hors de question. je t'ai imposé ce rendez-vous, j'peux bien payer le dîner. de plus, j'ai précisé dans mon message que je t'invitais. aucune négociation possible. têtue, tu peux parfois l'être. souvent, même. casser les principes de l'homme qui invite la femme, ça te ressemble bien. même si tu es de la vieille école. et puis, ce n'est pas un rendez-vous romantique. juste deux amis qui se retrouvent après autant d'années sans s'être vus. non. souffle froid. mot spontané. blessure qui s'ouvre, encore un peu plus. rupture difficile à digérer. c'est toujours aussi dur. ça fait toujours aussi mal lorsque son prénom est prononcé. tu secoues doucement la tête. regard qui se pose sur robbie. légère moue d'excuse pour le ton employé. je ne veux pas qu'il l'apprenne. un secret de plus à préserver. petite ville où les rumeurs vont bon train. mais peu importe. tu n'as pas la force de lui faire face, monroe. tu n'as pas la force de savoir ce qu'il est devenu. la vérité peut parfois faire trop mal. et tu n'es pas encore prête à l'affronter. parce qu'il y a déjà bien trop. une mère malade. mourante. un parent qui va s'en aller. sa main vient se poser sur la sienne. il sait ce que tu vis, robbie. pour l'avoir vécu quelques années plus tôt. et finalement, il est sûrement le mieux placer pour te comprendre. le serveur arrive avec vos commandes. regards qui se détournent. assiette devant toi, tu n'as pas vraiment faim, monroe. c'est ainsi. c'est son heure. mon père dit que le seigneur la rappelle à lui. ironique. c'est dans ces moments là que tu perds ta foi. dans ces moments précis que tu voudrais hurler que dieu n'existe pas. comment peut-il retirer une mère à son enfant. un père à une fratrie. alors, il y a ce léger rire nerveux qui s'échappe d'entre tes lippes. foutaises. à quoi bon être un modèle de vertu si c'est pour quitter la terre prématurément. ton point de vue. rien de bien étonnant, après tout. la religion a tenu une place bien trop importante dans ton quotidien. aujourd'hui, tu ne sais plus vraiment où tu en es avec tout ça.