Alors que tous les habitants de la ville préparaient les fêtes de fin d'année et effectuaient, pour les plus prévoyants, leurs derniers achats de Noël, Mathilda déambulait à travers le quartier central sous une épaisse couche de vêtements qui la protégeait du froid de l'hiver imminent. Comme chaque fin d'après-midi où elle avait du temps, elle faisait une maraude, à la recherche de personnes vivants dans la rue. Elle faisait partie de cette association dont les bénévoles venaient en aide aux sans-abri depuis quelques années et elle ne se lassait pas de voir leurs sourires lorsqu'elle leur apportait des couvertures, des vêtements ou de la nourriture récoltés par des personnes bienveillantes. Jamais elle n'avait pensé que les réseaux sociaux pouvaient être si utiles et pourtant, c'était la base de tout ce qu'ils avaient construit, ensemble, pour aider les plus démunis. Mathilda marchait avec un sac dans chaque main en évitant la foule. Elle s'était arrêtée devant les marches de l'église où un homme sans-abri était toujours assis ou allongé dans un sac de couchage qu'il avait obtenu grâce à l'association, et lui avait laissé quelques fruits ainsi qu'une grosse couverture pour affronter la nuit qui s'annonçait fraîche. Elle se souviendrait toute sa vie de l'éteigne de cet homme à son égard, des larmes dans ses yeux qui avaient menacé de couler tellement les émotions étaient fortes. Elle vadrouillait désormais à travers les rues du centre ville en observant tous les recoins mais un heurt la sortit directement de ses pensées. Trop concentrée sur ce qu'elle cherchait, elle était rentrée dans une personne et les sacs qu'elles portait avait foulé le sol et s'étaient vidés de leur contenu en plein milieu du trottoir. Elle regarda l'étendu des dégâts puis releva la tête vers son interlocuteur. Vraiment désolée. Elle grimaça un peu et commença rapidement à ramasser tout ce qui était tombé avant que les autres passants ne piétinent tout.

Eowyn avait commencé sa journée en retard, elle n'arrêtait pas de courir partout. Heureuse, elle était en congé, elle en profitait pour rencontrer des têtes connues pour commencer à élaborer plus en profondeur son projet de boîte de nuit. Il lui fallait absolument un associé, elle réfléchissait, qui pouvait être le bon ? Elle a aussi besoin de récolter de l'argent, pour éviter de faire un énorme crédit. Depuis très longtemps, elle a commencé à économiser, se privant presque parfois de vivre pour mettre de côté. Elle tient à son projet, plus que tout. Elle veut apporter des choses originales, sa façon de montrer que c'est elle la propriétaire, elle, avec sa personnalité pétillante. Bref, elle s'est tout de même arrêtée dans des boutiques pour trouver des cadeaux à son frère et sa soeur. Comme tous les ans, elle galère à trouver, c'est le bordel. Elle a envie de tout acheter et rien, parce que parfois elle ne sait pas forcément ce qu'ils ont déjà. Eowyn a fini par trouver, plusieurs petites choses, parce qu'elle trouve toujours que c'est mieux qu'un énorme cadeau. Elle en a profité pour se faire plaisir, à elle aussi, enfin surtout parce qu'il lui faut absolument de nouvelles tenues pour les fêtes de fin d'année. Il est temps de rentrer à la maison, mais comme à son habitude, tête en l'air, elle ne sait plus du tout où elle a garé sa voiture. Non mais sérieusement, Eowyn, où as-tu rangé ton cerveau ? Alors, qu'elle a la tête ailleurs, se demandant si elle doit aller à droite ou à gauche, une femme lui rentre dedans. Ses sacs s'écrasent au sol, à cet instant, elle se remercie elle-même de ne pas avoir acheté des cadeaux fragiles.
- C'est rien...
Eowyn n'est pas du genre à gueuler à tout va, c'est une fille qui s'en fou un peu. C'est juste dommage, que cela ne soit pas un bel homme ténébreux qui lui rentre dedans, elle aurait pu lui faire de l'oeil.
- Dommage que vous ne soyez pas un homme, j'aurais peut-être rencontré l'amour de ma vie comme dans les films, dans une belle bousculade. Dit-elle en rigolant.

Mathilda avait toujours aimé les fêtes de fin d'années, surtout l'ambiance qui s'y dégageait. Noël était sa fête préférée et elle prenait plaisir, tous les ans, à décorer la maison et préparer des tas de choses à manger pour sa famille. Elle était sûrement la seule des quatre enfants à adorer Noël, mais elle s'en fichait de passer pour un cliché. Les fêtes de fin d'années étaient aussi l'occasion pour elle et pour les autres bénévoles de l'association de faire des heureux. Ceux qui vivaient dans la rue, pour la plupart, allaient passer les fêtes seuls et Mathilda voulait faire en sorte qu'ils les passent le plus confortablement possible, du moins, à son échelle. En ne manquant pas d'admirer quelque peu les jolies décorations qui avaient été installées dans le centre ville de Bloominburg, elle inspectait tous les recoins de toutes les rues à la recherche de personnes dans le besoin. Elle avait était étonnée, et même choquée, au début, de voir qu'il y avait autant de personnes démunies en ville. Elle en avait maintenant conscience et elle donnait beaucoup de son énergie pour leur venir en aide avec ses collègues bénévoles. Le choc qui la fit sortir de ses pensées fit également tomber toutes ses affaires qu'elle s'empressa de ramasser après avoir jeté un œil à la jeune femme qu'elle venait de bousculer et s'être excusée. Une fois toutes les choses remises à leur place dans les sacs, elle ramassa également ce que la jeune femme en face d'elle avait fait tombé et le lui rendit. J'espère qu'il n'y avait rien de fragile là-dedans. dit-elle en grimaçant. Elle se mit à rire à sa remarque, un rire quelque peu mal à l'aise qui traduisait le malaise qu'elle ressentait ces derniers temps dans sa vie. Désolée mais je crois que ça n'arrive que dans les films, ça. Elle sourit timidement en pensant qu'elle même aurait pu rencontrer l'amour de sa vie dans cette bousculade sans que ce soit forcément un homme. C'est peut-être quand même un signe du destin, qui sait ? dit-elle sur le ton de l'humour, ne sachant pas vraiment quoi dire d'autre.